L’abbaye
Fondée par saint Wandrille en 649, notre abbaye possède un patrimoine spirituel remarquable. En effet, 40 moines de notre communauté sont honorés comme saints et font l’objet d’un culte liturgique, ce qui est un honneur immense, mais aussi une grande exigence de sainteté pour nous-mêmes.
Les Saints de Fontenelle
- + Notre bienheureux Père saint Wandrille
- + saint Sindard
- + saint Agathon
- + saint Érembert
- + saint Désiré
- + saint Genès
- + saint Condède
- + saint Lantbert
- + saint Gond
- + saint Ansbert
- + saint Vulfran
- + saint Hildebert
- + saint Herbland, ou Hermeland
- + saint Bain
- + saint Gennard
- + saint Bagga
- + saint Bénigne
- + saint Hugues
- + saint Landon
- + saint Ermier
- + saint Milon
- + saint Austrulf
- + saint Wandon
- + saint Ravenger
- + saint Gervold
- + saint Hardouin
- + saint Trasaire
- + saint Anségise
- + saint Hérimbert
- + saint Éginhard
- + saint Foulques
- + saint Gérard Ier
- + saint Gradulphe
- + saint Gerbert
- + saint Gontard
- + saint Gautier
- + bienheureux Louis François Lebrun
NOTRE BIENHEUREUX PÈRE SAINT WANDRILLE
fondateur et 1er abbé, +668
fêté le 22 juillet
SAINT SINDARD
moine et diacre, VIIe siècle
fêté le 18 septembre
Notre père saint Wandrille l’ayant envoyé à Sainte-Eulalie de Bordeaux pour rencontrer sainte Hildemarque, future abbesse de Fécamp, le pria de rapporter des reliques de saint Saturnin évêque de Toulouse et de saint Amans évêque de Rodez. Les restes du diacre Sindard seraient toujours à Gauville, cachés sous les ruines et la végétation.
SAINT AGATHON
moine, + av.668
fêté le 8 juillet
Disciple de saint Wandrille. Notre bienheureux Père le comptait en effet parmi les saints ; alors qu’il priait, peu avant le dernier soupir, il vit Agathon figurer dans le chœur des bienheureux que le Seigneur envoyait au devant de lui. La joie sur le visage, il invoquait le nom de ce juste, dont il avait pu apprécier la vie digne de louanges ; d’où le culte qu’on rendit à Agathon dans notre monastère, comme l’attestent plusieurs documents anciens.
SAINT ÉREMBERT
moine, évêque de Toulouse, + 671
fêté le 14 mai
Né de parents nobles à Filliancourt, près du Pecq, il fut choisi par le Seigneur et par ordre de Clotaire III pour occuper le siège épiscopal de Toulouse. Après les remaniements de territoires qui se produisirent lors de l’éloignement de Dagobert II en 661, celui qui représentait la Neustrie sur les bords de la Garonne dut regagner les rives de la Seine.
Érembert vécut, plusieurs années peut-être, avec son frère Gamard et ses neveux Nammachus et Zachée dans la communauté monastique de Filliancourt, puis il vint passer ses dernières années en l’abbaye de Fontenelle sous le gouvernement de saint Lantbert. Son corps reposa tout d’abord dans la basilique Saint-Paul, puis dans l’église Saint-Pierre ; nombreux étaient ceux qui venaient lui demander intercession auprès de Dieu.
SAINT DÉSIRÉ
fils de saint Waninge, fondateur de Fécamp, VIIe siècle
fêté le 18 décembre
SAINT GENÈS
chapelain de sainte Bathilde, évêque de Lyon, + v. 680
fêté le 3 novembre
Genès faisait partie du clergé du palais de Clovis II, où on lui donnait le titre d’abbé. Le roi l’avait attaché particulièrement à la reine sainte Bathilde, qu’il secondait dans ses dévotions et ses bonnes œuvres, en s’occupant des prêtres pauvres et des monastères.
SAINT CONDÈDE
moine, abbé de Belcinac, + 680
fêté le 21 octobre
Né en Grande-Bretagne, il passa la mer pour mener une vie plus austère et il se fixa dans une solitude près de Saint-Valéry; puis attiré par la réputation de l’abbé Lantbert, il vécut des années au monastère de Fontenelle.
Mais ne comprenant pas la vie religieuse sans la prédication et l’exemple, il se retira dans une île de la Seine nommée Belcinac, à l’ouest de Caudebec ; il y bâtit deux églises, l’une à la Vierge, l’autre aux apôtres Pierre et Paul, recevant là les nombreux fidèles qui traversaient le fleuve pour voir et entendre notre ermite.
Concède fut enseveli dans l’église des saints apôtres, mais la barre, appelée depuis mascaret, invita les frères à transporter le corps du bienheureux à Fontenelle. En 1027 ses restes furent joints à ceux de saint Érembert.
SAINT LANTBERT
2e abbé, évêque de Lyon, + 688
fêté le 14 avril
Lors de son entrée à Fontenelle, son père et lui-même donnèrent à l’abbaye des biens considérables dans le Ternois, qui furent les bases de la fortune de Saint-Wandrille dans cette région. Quant au domaine de Donzère, situé en face de la cité épiscopale de Viviers sur les bords du Rhône, ce fut une nouvelle faveur de Thierry III, que le roi accorda peut-être à Lantbert pour subvenir aux besoins en huile du monastère.
Enfin, les voyages nécessités par cette fondation mirent probablement l’abbé de Fontenelle en contact avec la région lyonnaise et lui valurent d’être appelé au siège de saint Pothin.
Selon les termes d’un de ses historiens, ce fut un administrateur de premier ordre, qui, dans toutes les circonstances où il eut à paraître, réussit toujours admirablement par ses qualités d’audace réfléchie et de méthode. A Fontenelle, il demeura la personnification de la discipline, dans ce qu’elle a de formateur et de fécond.
Le martyrologe hiéronymien atteste qu’il fut vénéré peu de temps après son trépas.
SAINT GOND
fondateur avec saint Wandrille, puis abbé d’Oye, + 690
fêté le 26 mai
Gond est considéré comme neveu de notre père saint Wandrille, selon les termes mêmes de la Vita sancti Wandregisili. Or la mère de saint Gond, dont le nom ne nous est pas parvenu, était sœur de Waugise, le père de Wandrille ; mais au delà de l’emploi abusif du terme « neveu » chez les Saxons, les deux cousins, avec l’agrément de Ouen, évêque de Rouen, surent bâtir le monastère de Fontenelle en forêt de Roumare, l’an du Seigneur 649.
Wandrille l’envoya à Rome avec la mission de rapporter des reliques des saints apôtres Pierre et Paul et des saints martyrs Laurent et Pancrace, ainsi que des livres de l’Écriture Sainte et du pape Grégoire.
Vers 662, après s’être dépensé sans compter à Fontenelle, Gond se retirait à jamais dans la solitude d’Oye, en Champagne. Son trépas eut lieu un 26 mai, vers l’an 690. Son corps fut solennellement reconnu en 1621 ; en 1936, l’évêque de Châlons-sur-Marne nous cédait deux reliques du saint.
Saint Gond est encore honoré de nos jours dans l’Est de la France, à Verdun et à Châlons-en-Champagne, à Langres et à Besançon ; au cours des siècles, il l’a été plus spécialement à Saint-Wandrille, et cela jusqu’à la Révolution. Étant donné ce culte et le rôle essentiel joué par saint Gond dans les débuts de notre monastère, les moines de Fontenelle célèbrent de nouveau les mérites de notre bienheureux.
SAINT ANSBERT
3e abbé, évêque de Rouen, + 695
fêté le 9 février
Désigné par notre père saint Wandrille comme l’un de ses successeurs immédiats, il assuma de plus, plein de mérites, la charge d’évêque de la Ville de Rouen après le trépas de saint Ouen, en 684.
Victime de la jalousie, Ansbert demanda l’hospitalité aux moines de Hautmont, au diocèse de Cambrai. Il mourut en exil, l’an du Seigneur 695, mais on rapporta à Fontenelle les restes du saint. Hildebert, nouvel abbé du monastère, se porta à leur rencontre avec la foule des fidèles du diocèse et des moines de l’abbaye ; ayant reçu le précieux fardeau, il accomplit avec dévotion toute la cérémonie funèbre.
Les restes de saint Ansbert furent placés dans l’église Saint-Paul, puis neuf ans plus tard, en 704, dans l’église Saint-Pierre. Dans la suite, par crainte des Normands, les reliques de saint Ansbert furent transportées dans le Ponthieu et enfin au Mont-Blandin de Gand, avant qu’elles ne soient détruites par les calvinistes en 1578.
Au début du IXe siècle peut-être, le moine Aigrade commença à recueillir les traits principaux de la vie de saint Ansbert, étant donné le très grand rayonnement et la vénération dont il était l’objet.
Le culte de saint Ansbert fut constant en notre monastère au cours du moyen-âge. De nos jours, on aime à rappeler le zèle de saint Ansbert pour l’entretien de la vigne du monastère sur la colline de Saint-Saturnin.
SAINT VULFRAN
moine et évêque de Sens, + v. 697
fêté le 1er juin
Vulfran fut moine de notre monastère et archevêque de Sens. De son long séjour dans le siècle, et sans doute aussi d’une impulsion spéciale du Seigneur, il avait gardé le goût de l’apostolat ; imitateur des religieux celtes, il fut à la pointe de la prédication de l’Évangile chez les Frisons. Après avoir annoncé la bonne nouvelle pendant cinq ans, saint Vulfran revint à Fontenelle pour vivre dans la retraite et se préparer à la mort.
Depuis le XIe siècle, les restes vénérés du bienheureux furent l’objet d’un culte assidu et s’illustrèrent par d’innombrables miracles qui, jusqu’aux guerres de religion, semble-t-il, amenaient tous les cinq ou six ans aux fêtes appelées Le grand Pardon de saint Vulfran, des flots de pieux pèlerins.
HILDEBERT
4e abbé, + 701
fêté le 18 février
Ce fut Hildebert qui accueillit peu après 684 le futur saint Vulfran et qui l’encouragea dans ses projets d’évangéliser les Frisons, accordant au missionnaire les ressources et les auxiliaires qu’il désirait. Quelque dix ans plus tard, il recevait Wandon, originaire du Vimeu et peu après, Bénigne deux futurs abbés du monastère.
L’abbé Hildebert fut honoré du culte rendu aux saints et n’eut pas à souffrir de la controverse qui s’éleva entre les Mauristes à ce sujet ; à cette époque d’ailleurs, ses reliques étaient conservées à la vue de tous dans une châsse proche de l’autel.
SAINT HERBLAND, OU HERMELAND
moine, abbé d’Indre, + v. 720
fêté le 16 mars
Né à Noyon d’une famille distinguée, il fut échanson sous le roi Clotaire III et quitta la cour pour se consacrer à Dieu. Il entra à Fontenelle vers 668 et fut ordonné prêtre par saint Ouen peu de temps après sa profession. Il fut envoyé avec douze religieux à l’évêque de Nantes qui les établit dans l’île d’Indre, à deux lieues de la ville.
Après avoir longtemps gouverné et édifié sa communauté, Hermeland quitta sa charge et passa le reste de sa vie dans un petit oratoire qu’il avait fait construire en l’honneur de saint Léger.
Il fut enterré dans l’église Saint-Paul, près de l’oratoire de Saint-Wandrille, et élevé de terre quinze ans après. La plus grande partie de ses reliques furent transportées à Loches au IXe siècle ; la moitié d’un tibia nous a été remise en 1936. Plusieurs églises de Bretagne sont placées sous sa protection ; Rouen en avait une autrefois près de la cathédrale.
SAINT BAIN
évêque de Thérouanne, 5e abbé, + 710
fêté le 20 juin
Il fut moine de ce monastère, puis évêque de Thérouanne, vers 698. Après un épiscopat de douze ans, Bain quitta son diocèse pour retourner à l’abbaye de Fontenelle, dont il devint le cinquième abbé. L’auteur des Gesta énumère les nombreuses donations que le roi Childebert lui accorda, entre autres : le monastère de Fleury dans le Vexin, l’église de Poses au diocèse d’Évreux et les pêcheries du Pecq, près de Poissy.
Le 31 mars 704, Bain transféra les corps des saints Wandrille, Ansbert et Vulfran de la basilique Saint-Paul dans l’église Saint-Pierre.
Saint Bain mourut six ans plus tard. Son nom est inscrit au martyrologe hiéronymien.
SAINT GENNARD
vidame de l’église de Rouen, abbé de Fly , + ap. 719
fêté le 6 avril
Il fut d’abord vidame de l’Église de Rouen, assista au concile tenu en 689 par saint Ansbert, alors évêque de cette ville, et le suivit dans son exil en Hainaut. Devenu abbé de Flay, il ne tarda pas à remettre son abbaye entre les mains de saint Bénigne, son parent, pour aller mourir à Fontenelle, où il voulut être enterré auprès de saint Ansbert.
SAINT BAGGA
moine, + v. 720
fêté le 5 juin
Originaire de Grande-Bretagne, il vécut à Fontenelle où il mena durant de longues années une vie d’une régularité irréprochable au témoignage de son abbé saint Bénigne. Les Gesta abbatum Fontanellensium rapportent en effet, que le saint abbé soupira longuement au moment où le serviteur du Christ quitta la terre ; comme inspiré par l’Esprit de Dieu, il prononça à haute voix ces paroles : « O Bagga, vaillant porte-étendard de la milice du Christ, tu reçois maintenant avec bonheur le salaire de tes travaux ; prie aussi le Seigneur Jésus, afin que nous méritions de jouir éternellement avec toi de la société des élus ».
SAINT HUGUES
évêque de Rouen, Paris, et Bayeux, 8e abbé, + 732
fêté le 9 avril
Fils de Drogon et cousin de Pépin le Bref, il fut élevé par sainte Ansflède son aïeule qui lui inspira du mépris pour le monde. Nommé évêque de Rouen en 723, il fut chargé également d’administrer les diocèses de Bayeux et de Paris, les abbayes de Fontenelle et de Jumièges, non par ambition ou intérêt, mais conformément à la coutume des princes d’alors, malgré les canons de l’Église.
Outre les biens qu’Hugues donna à l’abbaye de Fontenelle, il lui légua un calice d’or avec une grande patène, une tourelle pareillement en or et une châsse ornée de pierreries contenant les reliques de plusieurs saints.
Son corps fut déposé à Jumièges en l’église Notre-Dame ; puis transféré au IXe siècle au prieuré d’Haspres en Cambraisis. Depuis 1897, Saint-Wandrille possède l’humérus du bienheureux, provenant de Jumièges.
SAINT LANDON
9e abbé, archevêque de Reims, + v. 735
fêté le 16 janvier
Il exerça les fonctions épiscopales dans le diocèse de Reims, avant d’obtenir l’abbaye de Fontenelle. En cour près de Charles Martel, il reçut un deuxième bénéfice, la celle de Saint-Saëns dans la vallée de la Varenne. De plus, le prince lui donna confirmation des biens du monastère et le tout puissant Maire du Palais spécifia qu’il prenait l’abbaye sous sa protection particulière, à l’égard de toute autorité civile ou religieuse. L’abbé Landon gouverna Fontenelle pendant trois ans et il rejoignit ses pères. Son nom est inscrit au martyrologe hiéronymien.
SAINT BÉNIGNE
6e abbé, + 724
fêté le 22 mars
Il fut moine, puis abbé de Fontenelle, qui demandait dans sa prière que lui soit accordée la compagnie des justes dans l’éternité. Chassé de son abbaye pour avoir pris parti dans la lutte entre Charles Martel et Rainfroy, il se réfugia à Flay. Quelques années plus tard, il fut rappelé à Fontenelle. Sous son gouvernement, l’abbaye reçut des possessions en grand nombre, mais on compta surtout des religieux que distingua leur sainteté, Rothmond entre autres, père de saint Milon, Milon lui-même et le prêtre Bagga.
SAINT ERMIER
prieur, + v. 745
fêté le 24 septembre
Moine et prieur de ce lieu « aimant et favorisant la règle monastique et l’austère observance » précise le chroniqueur. Même sous le triste abbé Teutsinde, il lui fut possible d’édifier une église destinée probablement aux fidèles demeurant autour de l’abbaye. Elle fut construite à l’angle sud-ouest des bâtiments, au point le plus élevé de l’ensemble, et peut-être pour cette raison, dédiée à saint Michel. Rebâtie au XIe siècle, elle constitue depuis lors l’église paroissiale. Ayant terminé sa carrière, Ermier fut enseveli dans l’église Saint-Pierre devant la porte du cloître.
SAINT MILON
moine et ermite, + v. 730
fêté le 18 août
Avec la permission de son abbé saint Bénigne, Milon se retira avec son père Rothmond, pour mener la vie anachorétique, pendant que sa mère Gisla entrait au monastère de Logium près de la Seine. L’ermitage de notre saint, encore connu de nos jours sous le nom de « grotte à Milon », était situé près de l’embouchure de la Rançon et de la Fontenelle; creusé dans la roche vive, il pouvait contenir une vingtaine de personnes. Là Milon veillait sur l’abîme houleux qui se tenait à ses pieds, luttant contre les mauvais esprits de l’air qui faisaient chavirer les frêles esquifs naviguant sur le fleuve ; au pied de la roche, il célébrait la messe dans la petite chapelle où il recevait également les pèlerins. Enfin, voulant vivre du travail de ses mains, il planta et cultiva la vigne sur le flanc de la colline. Après une longue pratique des bonnes œuvres, il rendit son âme au Seigneur.
SAINT AUSTRULF
13e abbé, + 753
fêté le 16 septembre
Chargé du temporel du vivant même de saint Wandon, il avait obtenu de Pépin un diplôme accordant à l’abbaye les droits régaliens sur ses tenanciers et c’est sous son abbatiat qu’augmentèrent les possessions en Cotentin. En 753 la faveur du roi l’obligeait à préparer l’arrivée du pape Étienne II dans les états francs. Parvenu à Agaune à son retour de Rome, Austrulf y achevait prématurément sa mission diplomatique.
SAINT WANDON
7e abbé, + 754
fêté le 17 avril
Originaire du Vimeu, il avait apporté d’importants domaines en se faisant moine. Les hasards de la politique le placèrent à la tête de l’abbaye, en même temps que Rainfroy le comblait de ses faveurs ; mais les mêmes hasards, disons Charles Martel, l’envoyèrent en exil, vers l’Est, au monastère de Saint-Servais de Maëstricht ; il devait y rester vingt-huit ans, se soutenant par la prière et l’étude. Après quoi, Pépin le Bref autorisa le retour de Wandon en terre cauchoise où, malgré son grand âge, l’abbé de Fontenelle sut tracer, dans l’ordre intellectuel, un sillage qui assura à jamais l’estime et la reconnaissance de tous. Sept ans après son retour, il fut privé de la vue ; alors sans se relâcher de ses bonnes œuvres, il se recommanda au Christ par les jeûnes, les veilles et la prière. Son corps fut inhumé dans l’église Saint-Pierre avec les bienheureux confesseurs Wandrille, Ansbert et Vulfran.
SAINT RAVENGER
moine, évêque de Sées, + 750
fêté le 3 février
SAINT GERVOLD
moine, évêque d’Evreux, 15e abbé, + 807
fêté le 14 juin
Né de parents nobles, il entra au palais et après avoir reçu les ordres, il devint le chapelain de la reine Bertrade. Charlemagne l’appela à l’évêché d’Évreux et lui confia même plusieurs missions en Angleterre. En 787, notre bienheureux était abbé de Fontenelle ; « Il y trouva beaucoup d’ignorance, précise dom Abraham Féray ; afin de l’en chasser comme la peste des monastères, il institua une école pour faire apprendre aux religieux les lettres et le chant. De plus, il fit bâtir une nouvelle infirmerie, une sacristie et une cuisine, et recouvrir de plomb l’église Saint-Pierre ainsi que Saint-Paul et Saint-Michel. Enfin, il obtint de l’empereur un privilège pour recouvrer les biens du monastère qui étaient aliénés ».
SAINT HARDOUIN
moine et ermite, + 812
fêté le 20 avril
Moine de ce monastère, à qui les documents anciens donnent le titre de diacre ou de prêtre de Saint-Saturnin. La vie contemplative qu’il menait le faisait vivre en solitaire dans l’ermitage que notre père saint Wandrille avait dédié au saint martyr, à flanc de coteau, au nord de l’abbaye. Ignorant l’oisiveté, il inculquait à de nombreux disciples les règles de l’arithmétique et du comput. De plus, il leur enseignait l’art de l’écriture, où il était devenu maître, employant une caroline mêlée de notes anglo-saxonnes, comme le prouvent des manuscrits aujourd’hui conservés à Rouen, à Berlin ou à Coblence, témoins de ce qu’il légua à son monastère.
SAINT TRASAIRE
16e abbé, au IXe siècle
fêté le 16 mars
Abbé de ce monastère, il obtint de Louis le Pieux, en la seconde année de son règne, un décret confirmant les privilèges accordés à l’abbaye par ses prédécesseurs. Avec sa bienveillante autorisation, l’abbé Trasaire put retourner en son pays natal, et le duc Sigon de Bénévent, qu’il avait tenu sur les fonts du baptême, le reçut avec honneur. Après quoi, de retour à Fontenelle, il se démit de sa charge d’abbé et passa saintement le reste de ses jours. Au temps de la Congrégation de Saint-Maur, ses reliques étaient encore exposées à la vénération des fidèles dans une châsse placée sur l’autel majeur.
ANSÉGISE
19e abbé, + 833
fêté le 20 juillet
Né vers 770, Anségise était d’origine franque ; il se retira à Fontenelle près de son parent Gervold alors abbé, qui lui conféra la cléricature. Chargé par Charlemagne d’administrer les deux monastères de Saint-Sixte près de Reims et de Saint-Menge près de Châlons, il devint ensuite abbé de Saint-Germer au diocèse de Beauvais ; en 817 il était nommé abbé de Luxeuil, et de notre monastère en 823. Avec ses compagnons du vieux moûtier colombanien, il en raviva l’esprit monastique, accrut la bibliothèque et de plus, restaura plusieurs bâtiments, en construisit de nouveaux, parmi lesquels on ne doit pas oublier le Chapitre au nord de l’église Saint-Pierre, la plus ancienne salle capitulaire mentionnée par les textes, disent les érudits. Les Gesta du IXe siècle décrivent ainsi l’usage qu’on en faisait : « C’est là que les frères ont coutume de s’assembler quand ils ont à délibérer sur quelque affaire ; c’est là que chaque jour, on lit sur un pupitre la loi divine et qu’on indique ce que commande l’autorité de la Règle ». De plus, Anségise assura l’entretien régulier des moines, réglant soigneusement les redevances dues par chaque exploitation. Enfin, il est l’auteur de la plus ancienne collection de Capitulaires de Charlemagne et de Louis le Débonnaire.
SAINT HÉRIMBERT
22e abbé, + 850
fêté le 11 septembre
Succédant au bienheureux Foulques, il gouverna l’abbaye pendant plus de quatre ans, et sut faire face aux vikings qui ravageaient alors le pays. Au moment voulu, il envoya des secours au roi Charles le Chauve qui assiégeait Toulouse révoltée.
SAINT ÉGINHARD
18e abbé, + 840
fêté le 18 mai
Élevé à la cour de Charlemagne, il devint par la suite le secrétaire de l’empereur. Louis le Débonnaire le combla de faveurs ; et c’est ainsi, suivant la législation religieuse d’alors, qu’il obtint plusieurs bénéfices ecclésiastiques, les abbayes de Fontenelle, de Saint-Servais de Maëstricht, de Saint-Pierre du Mont-Blandin, de Saint-Bavon de Gand et de Saint-Maur des Fossés. Enfin il dit adieu au monde et fonda le monastère de Seligenstadt sur le Main, en l’honneur des saints martyrs Marcellin et Pierre. Pendant les cinq ans de son abbatiat à Fontenelle, il s’était efforcé de loin avec le concours de Benoît de Saint-Maur-des-Fossés d’encourager une réforme de la vie monastique. Appelé à d’autres dignités, il remit sa crosse aux mains de saint Anségise.
SAINT FOULQUES
21e abbé, + ap. 845
fêté le 10 octobre
On lit que de son temps, des Danois ou Normands, s’abattirent sur toute la Neustrie comme un véritable fléau. Le 24 mai 841, les supérieurs locaux de l’abbaye, agissant aux lieu et place de l’abbé retenu à la cour, se mirent en rapport avec le viking Oscar qui commandait la flottille pour négocier une rançon. Fatigués de piller, ils se contentèrent pour le monastère lui-même de six livres d’or, dit la chronique. Trois ans après, le bienheureux Foulques recevait la récompense éternelle ; il avait gouverné Fontenelle onze ans, six mois et vingt-six jours.
SAINT GÉRARD Ier
30e abbé, + assassiné en 1029
fêté le 29 novembre
En 1029, dans la nuit du samedi au premier dimanche de l’Avent, le martyre du saint abbé Gérard, assassiné par une main criminelle, alors que l’homme de Dieu prenait son repos « après le travail des mains, le jeûne et les prières de coutume ». Modèle d’observance, doué des faveurs célestes, saint Gérard, à la demande du duc Richard, dut abandonner le gouvernement du prieuré de Crépy-en-Valois, prendre celui de Fontenelle et relever ce monastère de ses ruines. Il reconstruisit l’église Saint-Pierre et c’est au cours des travaux que furent découverts les restes de saint Vulfran, lesquels furent déposés dans une chasse d’argent. Lui-même fut enseveli avec honneur à l’entrée du Chapitre qu’il avait fait bâtir. En 1671 on trouva dans sa tombe alors mise à mal, une lame de plomb portant l’inscription : « Hic requiescit Abbas Gerardus… ab injusto injuste interfectus ».
SAINT GRADULPHE
31e abbé, + 1048
fêté le 6 mars
Abbé de ce monastère pendant 19 ans. Encore doyen, on lui avait confié l’édification de l’abbaye du Mont-Sainte-Catherine, près de Rouen. En 1031, il fit consacrer la nouvelle église du monastère de Saint-Wandrille, reconstruite par son prédécesseur saint Gérard. A sa prière, le duc Guillaume restitua l’île de Belcinac et donna quatre églises en Angleterre. Le saint abbé fut aussi le conseiller de Onfroy de Vieilles, seigneur de la châtellenie de Pont-Audemer, en vue de la fondation d’un monastère sur les terres de Préaux ; d’ailleurs, il lui envoya des moines, Eymard tout d’abord puis Ansfred qui devait en être le premier abbé.
Malgré le culte des fidèles pour les restes de saint Gradulphe, son corps fut brûlé par les calvinistes ; cependant, le peuple n’en continua pas moins à prier devant sa tombe.
SAINT GERBERT
33e abbé, + 1089
fêté le 4 septembre
Originaire de Mayence, moine à Florence, puis à Fécamp auprès de saint Maurille et connu par son renom de sainteté, Gerbert fut appelé à Fontenelle par Guillaume le conquérant, afin de donner un renouveau spirituel à la discipline monastique. La religion et la charité brillaient en Gerbert ; son expérience était grande en toutes choses et son zèle pour l’Opus Dei sans défaillance. Attaché à saint Anselme auprès duquel il avait peut-être séjourné au Bec, il forma à son école plusieurs abbés de renom : Godefroy premier abbé de Fontenay, saint Gontard, illustre abbé de Jumièges, Ingulphe que Guillaume mit à la tête de Croyland, le vénérable Gauthier, abbé de la Sainte-Trinité du Mont-Sainte-Catherine près de Rouen et un autre Godefroy qui fut abbé de Saint-Pierre de Préaux. Saint Gerbert fut inhumé dans le Chapitre. Ses restes y reposèrent jusqu’en 1672, époque où ledit Chapitre fut détruit.
SAINT GONTARD
abbé de Jumièges, + 1095
fêté le 26 novembre
Chapelain de Guillaume le conquérant, il entra dans notre monastère auquel il apporta les biens anglais dont l’avait gratifié le duc-roi, les églises de Whitchurch canonicorum, de Burton Bradstock, de Sherston et de Towcester. Il devint prieur de Saint-Wandrille, mais peu de temps après, il fut élu abbé de Jumièges, dispensant avec soin la nourriture spirituelle au troupeau qui lui était confié. Il assista Guillaume le conquérant à son lit de mort, se préoccupant à la fois du salut spirituel et corporel du prince. Après 17 ans de gouvernement à Jumièges, Gontard s’était rendu sur ordre de l’archevêque de Rouen au concile de Clermont convoqué par le pape Urbain II. Atteint de fièvres, il reçut les derniers sacrements des mains de Gilbert, évêque d’Évreux, et rendit en paix le dernier soupir. On ne tarda pas à le considérer comme un saint, et il eut un culte liturgique qui se prolongea en notre monastère jusqu’au XVIIIe siècle.
SAINT GAUTIER
32e abbé, + 1150
fêté le 13 août
Anglais de naissance, il illustra notre monastère par l’éclat de ses vertus. Ce fut en effet un homme éclairé dans ses conseils, attentif au maintien de la discipline ; c’est à lui que les papes Innocent II et Eugène III accordèrent les diplômes confirmant et sauvegardant les possessions de l’abbaye.
BLESSED LOUIS FRANÇOIS LEBRUN
martyred on the pontoons of Rochefort, +1794
celebrated on August 20
Born in Rouen in the parish of Saint-Herbland, he made his monastic profession at the age of nineteen on June 10, 1763, in the congregation of Saint-Maur, and was ordained priest in 1771 in the chapel of the archiepiscopal palace of Rouen by Cardinal de La Rochefoucauld. After holding a number of posts in monasteries in the province of Normandy, Dom Le Brun arrived at Saint-Wandrille in December 1788, when the then prior chose him as senieur. After the law of February 1790 abolishing religious orders, Dom Le Brun, wishing to continue the monastic life, withdrew to Jumièges and then to Le Bec, which lasted longer than Saint-Wandrille, and then to Rouen. Three years later, having failed to take the oath of liberty and equality, and to avoid his family suffering for having taken him in, he gave himself up, was arrested and sent to the Saint-Vivien prison. On March 21, 1794, he left for the pontoons of Rochefort. After four months on board the “Deux-associés”, a ship dedicated to transporting slaves, Dom Louis-François Le Brun went ashore; always practicing the virtues of piety, gentleness and modesty, he died a confessor of the faith, a priest to the end, faithful to the observance of ecclesiastical laws and attached to the holy hierarchy of the Church. He was beatified by Pope John Paul II along with many of his companions on October 1, 1995.
saint Wandrille
Saint Ouen, évêque de Rouen, ancien dignitaire du roi Dagobert, se dévoue à la cause monastique en aidant saint Wandrille à fonder l’abbaye de Fontenelle et saint Philibert, celle de Jumièges. Enluminure XI ème siècle.
Issu d’une famille noble de la région de Verdun, c’est tout naturellement que Wandrille entre au service du roi Dagobert. Il exerce avec succès la charge d’administrateur des domaines royaux et semble être appelé aux plus hautes destinées.
Pour agréer au désir de ses parents, il se marie. Mais les deux époux aspirent à une autre vie, toute au service de Dieu. La jeune femme entre dans un monastère et Wandrille, après avoir distribué ses biens aux pauvres, rejoint quelques ermites. Un songe le pousse alors à se rendre à Bobbio, un monastère italien fondé par saint Colomban. où il reste une dizaine d’années. Par la suite, il fréquenta d’autres monastères bénédictins, notamment Romainmôtier, en Suisse, menant une vie de communauté et s’adonnant à une ascèse plus intérieure.
Ayant appris que son ami Dadon (saint Ouen) avait été nommé évêque de Rouen, Wandrille vient le rejoindre. Il est fait sous-diacre et diacre, puis ordonné prêtre. Wandrille seconde saint Ouen, évangélise les païens, mais cette vie ne lui convient guère. Il aspire à retrouver la solitude.
En 649, saint Ouen lui accorde la possibilité de s’installer dans le vallon de Fontenelle, sur une terre, marécageuse et boisée, achetée par le jeune Gond, neveu de Wandrille. Les débuts de la vie au monastère sont rudes : on défriche, on assèche les marécages, on plante même de la vigne près de la chapelle saint Saturnin. Wandrille construisit une église dédiée à saint Pierre et des oratoires consacrés à saint Paul, saint Laurent et Pancrace. Bientôt son neveu Gond jugeant son œuvre terminée à Fontenelle le quitte pour mener la vie érémitique en Champagne.
Wandrille décède le 22 juillet 668.
chronologie
Fondation de l’abbaye de Fontenelle par saint Wandrille.
Ses premiers successeurs, saint Lantbert et saint Ansbert, voient croître la communauté.
Cette période de prospérité connait son apogée sous l’abbatiat d’Anségise (823-833).
Mais, les invasions normandes se multiplient.

Pillage et incendie de l’abbaye par les vikings.
Les moines doivent partir, emportant les reliques de leurs saints.
Premier exil.
Retour des moines à Fontenelle, avec l’abbé Maynard de Gand. Ils entreprennent la reconstruction du monastère, qui prend le nom de Saint-Wandrille. Diverses fondations voient le jour, dont le Mont-Saint-Michel en 967.
En 1337, débute la guerre de Cent Ans.
Concordat de Bologne entre le pape Léon XIII et François 1er qui décide désormais de la nomination des abbés. Les abbés commendataires se contentent de faire administrer l’abbaye au mieux de leurs propres intérêts pécuniaires au détriment de la vie monastique.
Alors que l’abbaye est déjà affaiblie, surviennent les guerres de religion.
Le monastère est saccagé par les troupes huguenotes.

Quelques moins de Jumièges rejoignent la communauté de Saint-Wandrille pour introduire la réforme de la congrégation bénédictine de Saint-Maur. Débute alors une période de reconstruction intense et de renouveau spirituel. L’abbaye devient un centre d’études philosophiques et théologiques réputé.

La Révolution française sonne le glas de la vie conventuelle. Un moine, Louis-François Lebrun (canonisé par Jean-Paul II), meurt martyr sur les pontons de Rochefort.
1791 : Le monastère est vendu comme bien national à un industriel d’Yvetot, Cyprien Lenoir. Il y installe une fabrique d’épingles en laiton, puis une manufacture de tabac et même un atelier de salpêtre et poudre. Il utilisa l’église comme carrière de pierres et en fit commerce. À son décès, ses enfants installent filature et tissage.
1863 : Le marquis de Stacpoole acquiert le monastère et les ruines de l’église. Il transforme les bâtiments en « maison d’été » à grands frais et grands dommages.
Quand il décide de vendre, des pourparlers s’engagent avec l’abbé de Ligugé.
La vie monastique reprend à l’abbaye Saint-Wandrille avec quelques moines venus de Ligugé.

Dom Joseph Pothier est nommé abbé. Il sera un grand restaurateur du chant grégorien.
La loi de 1901 interdisant les congrégations religieuses oblige les moines à partir. Deuxième exil.
1907-1912 : l’écrivain belge Maeterlinck occupe l’abbaye avec l’actrice Georgette Leblanc. Le couple monte une représentation de Macbeth dans l’abbaye, puis de Pélléas et Mélisande l’année suivante.
1919 : Maeterlinck cède son bail au constructeur d’avions Jean Latham.
1931 : Jean Latham accepte le rachat de son bail par la communauté exilée.
Retour des moines à Saint-Wandrille

Bombardement du monastère. Les travaux de reconstruction dureront de 1948 à 1957.
Construction de la nouvelle abbatiale.
La communauté de trente frères bénédictins perpétue cette tradition de prière et de travail, de silence et de simplicité. Le TRP Dom Jean-Charles Nault est le 82ème abbé.
PORTE DU PÉLICAN
Cette petite porte qui donne accès à l’avant-cour est surmonté d’un pélican se perçant le flanc avec son bec pour nourrir de son sang ses petits. Il est symbole du Christ qui a donné son sang pour le salut de l’humanité.
ACCUEIL DE L’ABBAYE
Horaires :
- 10h45 – 12h30
- 14h45 – 17h00
- 18h45 – 19h00
- 9h00 – 9h30
- 11h30 – 12h30
- 14h45 – 16h45
- 17h45 – 19h00
PORTE DE JARENTE ET LES PAVILLONS
Porte de Jarente
Cette porte monumentale fut construite sous l’abbatiat de Mgr Louis Sextius de Jarente, évêque d’Orléans. Le dormant de bois porte ses armes. Le tympan de style rocaille qui la surmonte présente les armes du monastère, dans un élégant décor de palmes et d’angelots portant la mitre et la crosse abbatiale. Deux pavillons s’élèvent symétriquement de chaque côté de cette porte.
Le pavillon de la Nature et le pavillon de la Grâce
Le pavillon de gauche, Pavillon de la Nature (1755), abrite l’accueil.
Sur le fronton triangulaire de la façade sud, on discerne les restes des armes de l’abbé, le cardinal de La Rochefoucauld, dont les révolutionnaires ont respecté le manteau ducal et le chapeau prélatice.
Sur la façade tournée vers la cour intérieure, le fronton représente une femme, l’Hospitalité, s’inclinant dans un geste accueillant. Elle tient une énorme corne d’abondance emplie de fruits à laquelle fait pendant une grue, symbole de la vigilance.
Le pavillon de droite, Pavillon de la Grâce (1756), abrite des parloirs.
La façade sud porte également un fronton héraldique puisqu’il porte les armoiries de la Congrégation de Saint-Maur. Dans une couronne d’épines, au dessus des trois clous de la Passion, figure le Pax bénédictin surmonté d’une fleur de lys.
Sur la cour, on voit le triangle de la Trinité portant les caractères hébraïques du nom de Yahvé, accompagné à gauche des symboles du Nouveau Testament (livre ouvert, croix et couronne d’épines du Christ) et à droite d’un symbole de l’Ancien Testament (le serpent d’airain de Moïse) accompagné d’une surprenante tête d’éléphant évoquant la piété.
RUINES DE L’ANCIENNE ABBATIALE
L’église abbatiale a été reconstruite plusieurs fois à cet endroit.
La première est celle de saint Wandrille (VIIe s.), reconstruite par Anségise à l’époque carolingienne et détruite par les vikings en 852.
Quand la communauté revient d’exil, l’abbé Maynard édifie une nouvelle église (après 960). Entre 1006 et 10029, son successeur, l’abbé Gérard, l’agrandit en lui ajoutant un nouveau chœur, un ambulatoire et une crypte. Cet édifice est détruit par un incendie, en 1247.
C’est en 1249 que débute la construction de cette église gothique. Ses dimensions sont impressionnantes : 60m de long, 22m50 de hauteur sous voûtes, chœur entouré de 14 chapelles rayonnantes… Trois travées de la nef ne seront jamais construites.
Mal entretenue par les abbés commendataires (la tour-lanterne s’effondre en 1631), elle est restaurée par les moines de Saint-Maur.
Après la Révolution, les propriétaires laïcs utilisent l’abbatiale comme une carrière de pierres, la réduisant à l’état de ruines. Ne subsistent que le transept nord à la silhouette élancée, une partie du chœur, et le mur nord de la nef ainsi que la base des colonnes.
BÂTIMENTS CONVENTUELS CLASSIQUES
Ces bâtiments, du XVIIe s., reflètent à la fois la majesté du grand Siècle et l’austérité des Mauristes : grandes fenêtres, nobles façades coiffées de hautes toitures percées de lucarnes, mais dépourvues de toute ornementation superflue.
Les vicissitudes de l’histoire n’ont pas épargné l’aile Ouest. Elle fut fortement modifiée au XIXe s. par le marquis de Stacpoole, dans un style néogothique dont témoignent quelques contreforts. Elle subit également de plein fouet un bombardement allié dans la nuit du 9 au 10 août 1944. Au rez-de-chaussée, se trouvent des parloirs, la salle des hôtes, la cuisine et la bibliothèque; dans les étage, cellules et noviciat.
L’aile Est est appelée bâtiment du dortoir, car les couloirs du premier et du deuxième desservent, aujourd’hui encore, la plus grande partie des cellules de la communauté. Au rez-de-chaussée s’étendait un promenoir long de 40 mètres, partagé en 2 nefs par une rangée de 11 colonnes. Malheureusement, le marquis de Stacpoole voulant en modifier l’agencement, ébranla l’édifice, qui dut être presque totalement abattu. Les deux travées qui restent abritent aujourd’hui la salle de communauté.
Les frères âgés et malades sont soignés à l’infirmerie au premier étage. Ils restent dans le monastère, autant que possible, au milieu de leurs frères, se préparant à l’ultime rencontre avec le Seigneur, qu’ils sont venus chercher.
LE CLOÎTRE
Deux anciens cloîtres ont précédé le cloître gothique actuel : le cloître carolingien, construit par l’abbé Anségise entre 823 et 833, et le cloître roman, rebâti à partir de la première moitié du XIIe s.
La galerie Sud, appuyée contre les ruines de l’église abbatiale, est la plus ancienne. Sa construction débuta en 1249. La statue de la Vierge, ND de Fontenelle, qui se dresse à l’extrémité Est, date des années 1300. A ses pieds sont enterrés les premiers abbés de la dernière restauration monastique, Dom Pothier et Dom Pierdait. Leur pierre tombale ainsi que d’autres antérieures à la Révolution française rappellent que le cloître a été utilisé au fil des ans comme cimetière de la communauté.
Le portail qui reliait le cloître à la nef de l’église est orné d’une frise finement sculptée de feuilles de chêne et de glands sur le linteau, et de rangées de lierre et de feuilles de vigne entre les arches. Au centre, le tympan représente le couronnement de la Vierge par le Christ, que vénèrent deux Abbés et célèbrent trois, anges. Toute cette statuaire a, malheureusement, été mutilée par les Huguenots en 1562.
Les autres galeries, de style gothique flamboyant, ont été construites en deux étapes à la fin du XVe et au début du XVIe s. Leurs voûtes, soutenues par des croisées d’ogives issues de piles dépourvues de chapiteaux, sont moins élancées que dans la galerie Sud. Les réseaux qui enchâssaient des vitraux affectent des styles divers : les plus anciens sont dans la galerie Est, et les autres, qui sont plus ornés, datent de la période de la Renaissance précoce. À l’entrée du réfectoire, le lavabo allie avec bonheur le gothique flamboyant et l’art de la première Renaissance normande. Deux scènes sont représentées : le baptême de Jésus, et le Christ ressuscité apparaissant à Marie-Madeleine.
LE RÉFECTOIRE
Notre réfectoire est le plus ancien réfectoire monastique d’Europe occidentale encore utilisé comme tel. Il a été totalement restauré dans les années 1990.
C’est une vaste nef de 33m de long sur 9m de large. Au bas de trois des murs court une arcature romane de la fin du XIIe s. dont les cintres entrecroisés, retombant sur des colonnettes aux chapiteaux à feuilles plates, annoncent l’art gothique. Le mur nord est percé de hautes fenêtres en tiers point. L’impressionnante charpente de chêne en forme de carène renversée date du XVIe s.
EN SAVOIR PLUS
Un haut-lieu communautaire
Le repas rassemble les moines et manifeste l’hospitalité de la communauté. La longue table, au milieu du réfectoire, est en effet pour les hôtes du monastère, qui partagent les repas de la communauté.
C’est aussi un endroit de nourriture de l’esprit car saint Benoît veut que “la lecture ne manque jamais à la table des frères”. Les repas sont donc pris en silence, seule doit être entendue la voix du lecteur assis dans la chaire. Pendant les repas, les moines écoutent la Bible et le martyrologe (brefs résumés de la vie des saints célébrés chaque jour de l’année), ainsi qu’une grande variété d’autres livres, souvent histoire ou biographie à midi, et des sujets plus spirituels le soir.
Enfin, le réfectoire est un lieu de service fraternel : “Nul, dit Saint Benoît, ne sera dispensé du service de cuisine, car on y acquiert plus de charité.”
SALLE DU CHAPITRE
Pour les moines bénédictins, la salle capitulaire est avant tout un lieu d’écoute.
Tous les jours après les vêpres, les moines écoutent un chapitre de la règle qui est ensuite commenté par l’abbé.
C’est aussi un lieu d’écoute et d’échange fraternels sur des sujets touchant à la vie de la communauté. Pour certaines décisions, les frères sont appelés à voter: élection de l’abbé, admission d’un novice à la profession, ou encore pour des questions administratives ou financières.
Enfin, les frères se rassemblent dans la salle capitulaire tous les soirs avant complies pour une courte lecture spirituelle.
BIBLIOTHÈQUE
La bibliothèque est une tradition monastique. La lectio divina est au cœur de la vie monastique et les moines ont toujours recopié et travaillé sur les manuscrits. C’est grâce aux abbayes que beaucoup d’ouvrages, notamment de l’Antiquité, ont pu subsister.
Notre fonds est riche de près de 200 000 ouvrages. Ces livres, acquis au cours des siècles, sont d’une grande qualité. Deux fonds caractérisent tout particulièrement notre bibliothèque : un fonds régional normand et un fonds de musicologie, notamment de chant grégorien. Mais, on y trouve aussi quantité de livres portant sur les sciences sacrées (que ce soit la théologie, l’exégèse, la patrologie ou la scolastique) mais aussi sur les sciences profanes, les beaux-arts, la littérature française ou étrangère, l’histoire des religions, la philosophie, l’histoire.
Près de 50 000 de ces ouvrages sont déjà répertoriés sur un fichier informatique, et le travail se poursuit. Ce répertoire permettra de partager notre fond avec d’autres bibliothèques ou instituts de recherche.
ÉGLISE ABBATIALE
SAINT-PIERRE ET SAINT-WANDRILLE
La restauration de l’église gothique s’avérant impossible, le monastère acquit une grange du XIIIe siècle à Canteloup près de Neuville-du-Bosc (Eure). Démantelée en 1967, elle fut transférée sur son site actuel grâce à la générosité de l’Association des Amis de l’Abbaye. La première pierre a été posée le 1er mars 1968, et l’église consacrée le 12 septembre 1970.
Le bâtiment est long de 48m, large de16m et haut de 14m. La charpente en chêne date du XVe siècle, l’originelle ayant été détruite à la suite d’un incendie pendant la guerre de cent ans. La chapelle du Saint-Sacrement a été aménagée côté sud dans ce qui était autrefois le porche à colombage de la grange.
Les orgues, réalisées par la maison Haerpfer-Erman (Moselle), possèdent vingt-quatre jeux, trois claviers et un pédalier. Elles ont été inaugurées le 9 mai 1976.
Une précieuse relique de Saint Wandrille, son crâne, est conservée dans un reliquaire sur le côté gauche du chœur.
La statue de la Vierge à l’Enfant est un moulage en fonte réalisé au XIXe s. dans la fonderie du Val d’Osne (Haute-Marne). La statue originale, du XIVe s., provenant de l’abbaye de Blanchelande, est la première statue médiévale française à avoir été acquise par le Musée du Louvre.
Dans l’enfeu, au fond de l’église, on voit une très belle mise au tombeau de 1506, complètement restaurée en 2011.
NOTRE-DAME de CAILLOUVILLE
La construction de cette chapelle dédiée à Notre-Dame a été décidée à la suite d’un vœu formulé par l’abbé Dom Gabriel Gontard le 15 août 1944, après le bombardement du monastère. De 1952 à 1958, les frères l’édifièrent de leurs propres mains. Elle fut consacrée le 16 juin 1977.
Cet oratoire se compose d’une nef recouverte d’une simple charpente, précédée d’un porche, et d’un chœur à chevet plat. Un petit clocher surmonte le bas de la nef.
Les vitraux représentent Notre-Dame des Anges, saint Wandrille guérissant son adversaire aux sources de la Fontenelle, et dom Gontard et ses moines offrant à la Vierge la chapelle votive.
Dom Gontard (+1986) est enterrée dans la nef.
CIMETIÈRE DES MOINES
Dans le prolongement de Notre-Dame de Caillouville, se trouve le nouveau cimetière des moines. Y sont inhumés les frères décédés depuis 1972.
L’ancien cimetière est dans le parc, à flanc de coteau.
ATELIERS – BOUTIQUE – BRASSERIE
Les dépendances sont situées au-delà de la Fontenelle au pied de la colline boisée. L’architecture laisse apparaitre deux époques de construction.
À l’Ouest, la grange du XIVe s. avait à l’origine huit travées, que des piliers massifs partageaient en une nef et un bas-côté. Les Mauristes ont supprimé le bas-côté quand ils ont prolongé le bâtiment vers l’est, en 1699, pour installer remises et écuries. La seule partie qui reste est donc la nef, les colonnes sont encastrées dans la maçonnerie du mur extérieur. Les arcades entre les colonnes ont été partiellement découvertes. C’est là que se trouvait la fabrique d’encaustique Melitta. Cette partie du bâtiment a été gravement endommagée par un violent incendie, en 1954. Elle a été surélevée de quelques centimètres lors de la reconstruction.
À l’extrémité du bâtiment, les garages occupent le site de la boulangerie médiévale, probablement détruite par le marquis de Stacpoole quand il a redessiné l’entrée du parc au XIXe s.
Lieu de travail
Aujourd’hui, les bâtiments abritent les activités économiques de la communauté : boutique, atelier de restauration de tableaux et la brasserie.
SAINT-SATURNIN
La chapelle Saint-Saturnin se trouve tout en haut du parc des moines. Elle a été élevée à la fin du Xe s. Sur des fondations carolingiennes, à l’emplacement d’une petite basilique édifiée par saint Wandrille lui-même. Une courte nef couverte en charpente précède un chœur tréflé à trois absidioles voûtées en cul de four. A la croisée, une tour-lanterne carrée éclaire le chœur. Seules sont sculptées les impostes des piles supportant la tour.
L’HÔTELLERIE SAINT-JOSEPH
Cette maison fut construite en 1869 par le marquis et la marquise de Stacpoole, alors propriétaires de l’abbaye. Elle fut tour à tour école de filles, maison particulière et hôtel, avant de devenir, en 1981, l’hôtellerie monastique Saint-Joseph qui accueille les dames et les couples.
EN SAVOIR PLUS
PORTE DE STACPOOLE
Le marquis de Stacpoole en édifiant, vers 1865, le portail monumental ouvrant sur la place du village, fit réemployer un fronton provenant du bâtiment du dortoir qu’il venait de faire démolir. Cette sculpture de 1680 présente les armes de la congrégation de Saint-Maur.
L’association
L’association des Amis de l’abbaye regroupe plus de trois cents membres qui apportent un soutien moral et financier à la communauté, notamment dans ses projets de restauration des bâtiments, et toujours dans la perspective d’un accueil large de tous ceux qui viennent, nombreux, attirés par le signe d’une communauté d’hommes totalement engagés au service de Dieu.
Les cotisations sont de :
– Membre bienfaiteur : à partir de 75 €
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la revue Gesta
GESTA est le titre du récit des deux premiers siècles de l’abbaye Saint-Wandrille, par un de ses moines écrivant vers 840. Les Gesta ou hauts faits des saints pères du monastère de Fontenelle constituent la plus ancienne chronique monastique d’occident.
Chaque numéro de cette revue trimestrielle, de quarante-huit pages, comporte :
– la chronique du monastère, trame de notre vie monastique, que viennent partager, à leur façon, hôtes, fidèles et touristes,
– une homélie prononcée à l’abbaye,
– deux ou trois articles émanant de moines ou d’auteurs amis sollicités par nous traitant de spiritualité monastique, Écriture sainte, épisodes de la vie de l’Église de ce temps ou d’antan, histoire monastique locale ou plus générale, réflexions et approfondissement sur de grands textes du Magistère de l’Église, notes de lecture à propos d’ouvrages ayant trait à la vie religieuse ou à l’Église en général.
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