FAQ
– Se confesser –

Mais pourquoi ne puis-je pas demander pardon directement à Dieu ?

Il est évidemment possible de demander pardon à Dieu directement ! C’est même une habitude très louable que de le faire, par exemple, tous les jours dans sa prière du soir. Le Christ lui-même nous a d’ailleurs appris à le faire en nous faisant demander dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses ».
Au monastère, nous chantons le psaume 50 (« Pitié pour moi mon Dieu dans ton amour ») tous les jours à l’office de laudes. L’office de complies est toujours précédé de la récitation du Confiteor ou « Je confesse à Dieu » (dit généralement au chapitre), et du verset Converte nos Deus salutaris noster / Et averte iram tuam a nobis (« Fais-nous revenir, Dieu, notre salut / et oublie ton ressentiment contre nous » Ps 84,8). Et saint Benoît prévoit que le Pater soit récité à la fin de chaque office, au moins à voix basse.
Mais, dans son amour pour nous, le Christ a voulu instituer un sacrement par lequel nous pourrions recevoir son pardon, dans lequel il veut nous donner son pardon de façon privilégiée. Comme tous les sacrements, celui de la réconciliation nous rend participants du mystère du Christ qui culmine dans sa Pâque. Ici, nous y participons principalement sous l’aspect de la lutte contre le mal et de la libération du péché1, et sous cet autre aspect, qui lui est corrélatif, du don de l’Esprit créateur qui « lave ce qui est souillé, […] guérit ce qui est blessé, […] rend droit ce qui est faussé » et nous fait crier vers le Père avec la vérité du cœur nouveau : « Abba, Père ». Loin de la mesquinerie des comptes d’apothicaire ou d’une amnistie purement extérieure, loin aussi d’un simple pardon demandé à mi-voix, le sacrement déploie au contraire toute la richesse et toute la puissance du mystère de la Rédemption et en réalise en nous un accomplissement toujours plus plénier pour que nous en recevions tous les fruits : c’est autrement plus enthousiasmant ! En recevant le sacrement dans la foi, j’ai non seulement la certitude que le pardon m’est donné, que je suis libéré de mon péché, que je suis rétabli dans la relation filiale, mais encore, avec et dans le Christ, je suis vraiment vainqueur du mal. Alors réellement, je peux repartir dans la paix et la joie pour mener une vie nouvelle !
Ce n’est pas à cause d’une obligation juridique, mais bien parce que seul le mystère pascal peut nous sauver du péché et de la mort qui en découle, que le sacrement de pénitence est le seul moyen ordinaire pour la rémission des péchés mortels.
Il faut reconnaître aussi que le péché ne trouble pas seulement ma relation avec Dieu. Quand un chrétien pèche, c’est toute l’Église qui est blessée, qui est salie. Le sacrement vient donc rétablir la communion avec toute l’Église, avec chacun des frères. La célébration du sacrement, même si elle est discrète ou secrète et inconnue de tous, est donc une fête pour toute l’Église.
Enfin, la présence de l’Eglise (assurée au moins par la seule présence du prêtre) m’assure que je ne suis pas seul avec mon péché. J’ai des frères qui prient pour moi et sur lesquels je peux m’appuyer dans mon combat spirituel ; des frères aussi par lesquels le Christ me relève.

Mais puisque je n’ai pas commis de faute grave...

Il est vrai que le recours au sacrement de pénitence n’est absolument nécessaire que dans le cas du péché mortel (faute grave, commise en pleine connaissance de cause, et avec une volonté parfaitement libre) : il faut alors impérativement se confesser avant de recevoir la communion.
Pourtant, l’Eglise encourage à se confesser régulièrement, aussi des fautes plus légères (péchés véniels). Le recours fréquent au sacrement permet une plus grande délicatesse de conscience et donc un amour plus pur et plus joyeux.
Il est donc bon de trouver un rythme régulier de confession. C’est aussi une belle manière de se préparer aux grandes fêtes de l’année. En tout état de cause, l’Eglise commande de se confesser au moins une fois par an.
Si, néanmoins, je ne vois pas de péché à accuser, c’est certainement le signe que mon amour s’est refroidi et que ma relation avec Dieu s’est distendue, car celui qui aime vraiment reconnaît et regrette toutes les contrariétés qu’il a imposées à celui qu’il aime. Plus j’aimerai, et plus les moindres blessures infligées à l’amour me sembleront grandes et graves. Si donc je ne vois en moi aucun péché à accuser, peut-être est-il urgent pour moi de reprendre sérieusement la lecture de la Parole de Dieu, de contempler le Christ en croix, de faire un bon examen de conscience et… d’aller me confesser !

Mon péché est trop grand, je ne peux pas être pardonné. Je ne suis pas digne du pardon de Dieu.

Dans le chapitre quatrième de sa Règle, saint Benoît dresse une liste des « instruments de l’art spirituel » : des petits commandements, souvent tirés de l’Ecriture, qui doivent aider le moine à avancer à la suite du Christ. Ce qui est remarquable, c’est que la liste se termine par cet instrument : « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » (RB 4,72). Comme pour nous dire : « Si tu n’as rien fait de ce qui est écrit avant, au moins n’oublie pas ce dernier instrument, et tu seras sauvé ! ».
Alors, que je ne sois pas digne du pardon de Dieu, c’est une chose certaine ! Selon saint Paul, c’est même une preuve de l’amour que Dieu nous porte : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5,8). En revanche, estimer que notre péché est trop grand pour que Dieu puisse le pardonner, c’est réduire à notre petite mesure l’infinie puissance de la miséricorde divine : « devant lui nous apaiserons notre cœur, si notre cœur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît tout » (1 Jn 3,19-20).
Mais il est vrai que nous ne pourrons avoir l’assurance du pardon, que si nous regardons le mal que nous avons commis en nous mettant en face de Dieu et sous son regard.
Le risque est grand, en effet, de mesurer le mal que j’ai commis à l’aune d’une loi seulement ou, pire, de mon idéal, cet idéal de celui que je voudrais être et que je ne suis pas. Alors, je ne peux plus croire au pardon. Car la loi condamne et dénonce le péché, mais elle ne peut le pardonner. Et moi-même, j’ai bien du mal à me pardonner de ne pas être à la hauteur que je me suis fixée. Et c’est ainsi que naît le remords, cette souffrance que le coupable s’inflige à lui-même, qu’il entretient sans cesse, et qui le fait désespérer du pardon, parce qu’il ne peut se le donner lui-même.
Or la contrition, si elle est bien un « très grand regret », n’est pas le remords. Elle n’est pas un regret ressenti par le pécheur quand il se regarde lui-même, mais quand il regarde l’amour de Dieu. La contrition, qui naît face à la miséricorde toujours offerte, est le regret d’avoir bafoué l’amour du Père, d’avoir meurtri le Fils, d’avoir contristé l’Esprit ; de ce regret, surgit le désir de réparer la relation blessée et de cultiver l’amour pour Dieu et ses frères avec une ferveur renouvelée, pour ne plus les offenser désormais.
Le mal que j’ai accompli devient alors un péché au sens plein : une blessure dans une relation d’amour. Et ainsi, il devient pardonnable, car je peux enfin recevoir le pardon d’un autre, de celui qui m’aime et que je voudrais aimer : le pardon ne peut qu’être reçu d’un autre. Je peux accepter alors d’être relevé par un autre qui m’aime infiniment. Je ne suis plus tout seul face à une faute qui me mine.
Oui, plus un péché est grave et lourd à porter, plus il a besoin du pardon et plus il nous dispose à recevoir la miséricorde que Dieu ne cesse de vouloir nous donner. « A tout péché miséricorde », dit le dicton : c’est en fait une définition du péché, selon le philosophe Rémi Brague.

Le sacrement ne sert à rien puisque je vais sûrement retomber. D’ailleurs, j’accuse toujours les mêmes péchés…

Il est vrai que notre faiblesse nous fait souvent retomber dans les mêmes péchés, surtout quand la force de l’habitude devient plus difficilement déracinable. Pourtant, un tel argument ne suffit pas rendre inutile le recours au sacrement de réconciliation.
D’abord parce que ce sacrement est un sacrement de conversion. On ne promet pas de ne plus tomber, mais de cultiver à nouveau, avec une ferveur renouvelée, une relation d’amour avec Dieu et ses frères et de fuir les occasions prochaines de péché. Le sacrement nous accompagne et nous fortifie dans notre lutte contre le péché, dans notre combat spirituel contre nos tendances perverses. Renoncer à recourir au sacrement parce qu’on retombe toujours dans les mêmes ornières, c’est renoncer à la conversion et, du même coup, renoncer à être libre. Soyons certains que Dieu ne peut se résigner à nous voir esclaves de nos tendances et de nos habitudes, alors appuyons-nous sur lui !
Dieu ne refuse jamais son pardon à celui qui vient le lui demander sincèrement, même après maintes chutes et rechutes. Il nous a commandé de pardonner « soixante-dix fois sept fois » (cf. Mt 18,21) à ceux qui nous ont offensés ; comment ne le ferait-il pas aussi, et même beaucoup plus ? Il est vrai, néanmoins, que le pardon doit être demandé à chaque fois avec un vrai repentir, un vrai désir de ne plus recommencer et la ferme décision d’en prendre les moyens.
Mais il faut aller plus loin encore. Croire que c’est toujours la même chose – et donc que ça ne sert à rien – parce que j’accuse toujours les mêmes péchés, c’est croire que la nouveauté peut venir de moi ! En fait, il est sûrement préférable que je n’invente pas de nouvelles manières d’offenser Dieu entre chaque confession !!! Non, aucune nouveauté ne peut venir de moi : elle réside, en revanche, dans l’amour toujours offert, dans le pardon toujours donné, et dans l’homme nouveau, façonné par Dieu, qui chaque fois se renouvelle à l’image du Créateur. Chaque confession, dans laquelle j’accuse mes manquements habituels et très ordinaires, donne l’occasion à Dieu d’opérer son œuvre extraordinaire de renouvellement : renouvellement de mon cœur, renouvellement de l’Église, renouvellement du monde.
Un dernier élément de réponse peut être ici apporté, à propos des « péchés d’habitude ». Il se peut que je retombe régulièrement dans le même péché, parfois grave, contre lequel je lutte pourtant, ou voudrais lutter. Le risque est alors très grand de focaliser mon examen de conscience sur ce seul point, de ne plus voir que ce péché… A chacune de mes confessions, il est bon alors de m’efforcer de ne pas avoir que ce péché à accuser (même s’il faut aussi l’accuser) : ma relation avec Dieu ne réside pas en ce seul point, et il est vraisemblable que je blesse l’amour en bien d’autres domaines – parfois plus graves encore – auxquels mon combat unilatéral m’empêche de faire attention. C’est peut-être d’ailleurs en diversifiant mon combat que je pourrais sortir de l’habitude qui me fait tant souffrir.

Et pourquoi faut-il accuser ses fautes, puisque Dieu, qui sait tout, les connaît déjà ?

Évidemment Dieu sait tout, et l’on pourrait même dire qu’il connaît nos péchés mieux que nous – il les connaît dans sa chair crucifiée ! Et pourtant, lors du sacrement de pénitence, il ne me suffit pas de me reconnaître pécheur, il me faut encore reconnaître mon péché, mes péchés, chacun de mes péchés.
Car mes actes – soit en bien, soit en mal – ont du poids aux yeux de Dieu. Parce que Dieu m’aime vraiment, il ne veut pas me pardonner « en général », il veut pardonner et guérir chacun des manquements par lesquels j’ai blessé l’amour et que je reconnais tels. Il veut que je prenne conscience de ces actes et que, par-là, que j’en acquière le regret, la contrition. Le pardon des péchés est donc autant l’œuvre de la justice de Dieu que celle de sa miséricorde : le sacrement de réconciliation est bien le tribunal de la miséricorde. Il ne peut y avoir de pardon véritable sans cette conjugaison de la justice et de la miséricorde, et c’est à cette condition seulement que la relation d’amour peut être reconstruite et même fortifiée.
Plus encore, dans le sacrement, ce ne sont pas des fautes – encore moins encore des erreurs ou des dysfonctionnements – que j’accuse, ce sont des péchés. La faute est un manquement par rapport à une loi ou une règle ; le péché est une blessure infligée à l’amour, et c’est pourquoi que je n’en peux prendre conscience que dans la relation avec une personne, à qui je peux en demander pardon. De même, il ne peut être pardonné que si j’en assume une responsabilité personnelle, si je reconnais avoir blessé personnellement une relation d’amour dans laquelle j’étais engagé : il faut donc dire ici que Dieu ne peut pardonner que les péchés que je reconnais tels.
Il faut noter d’ailleurs que, dans la confession, nous apprenons nous-mêmes à pardonner ! Car le pardon ne saurait être indifférence ; il ne peut en aucun cas minimiser ou nier les offenses : au contraire, il est toujours reconnaissance d’une blessure et chemin de guérison, reconnaissance du mal accompli et volonté de dépasser et de vaincre le mal par le bien.

Pourquoi l’Église n’accepte plus la célébration du sacrement avec confession et absolution collectives, ce qui rendait tout de même la confession plus facile ?

À cette question, il faut apporter une réponse nuancée car, en réalité, la question repose sur une affirmation fausse. En effet, il n’est pas tout à fait juste de dire que l’Église n’accepte plus une célébration du sacrement avec confession et absolution collectives.
Ce n’est pas juste car l’Eglise prévoit des cas, très circonstanciés, dans lesquels on peut recourir à cette forme de célébration du sacrement. Il est vrai qu’elle a été amenée à préciser les conditions strictes et, somme toute, très rares où l’absolution peut être donnée de façon collective sans qu’il y ait d’accusation individuelle, car il s’agit vraiment d’une forme extraordinaire de célébration (le danger de mort en est la circonstance la plus connue).

Mais l’affirmation sur laquelle repose la question n’est pas juste non plus, car elle laisse entendre que l’Église aurait largement permis cette forme de célébration et serait revenu sur cette possibilité. En fait, les cas de permission ont toujours été très stricts, même si une incompréhension de cet enseignement a pu entraîner ici ou là une ouverture plus grande. Ce qu’il importe de comprendre, c’est la raison de cette discipline de l’Église.
Elle tient au fait que la réconciliation est un sacrement – or quel que soit le sacrement, l’Eglise le confère toujours à chacun de ses fils personnellement (même quand la célébration en est communautaire), car le sacrement est vraiment une rencontre de grâce que chaque chrétien vit avec le Dieu Trinité. C’est ainsi que l’on baptise chaque catéchumène, que l’on donne la communion à chacun, que l’on confirme chaque confirmand, que l’on impose les mains à chaque ordinand ou à chaque malade, que chaque couple échange les consentements lors de son mariage. Il en est de même pour la pénitence : chaque pénitent a le droit de confesser ses propres péchés et de recevoir personnellement le pardon de Dieu, de rencontrer Dieu personnellement dans le sacrement. Cet aspect est même peut-être plus important encore dans le cadre du sacrement de la réconciliation : puisque ce qui y est célébré est la reprise d’un dialogue et d’une relation, on peut dire que le dialogue du pénitent et du confesseur (qui tient la place du Christ) a proprement valeur de signe sacramentel.
Lorsque l’absolution collective est permise par l’Eglise, c’est toujours que le nombre de confesseurs est trop réduit pour rencontrer chaque pénitent dans une situation d’urgence. Il ne faudrait pas que ce soit la paresse des confesseurs qui prive les pénitents de leur droit fondamental à une rencontre personnelle avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint !
Il est vrai, pourtant, que la pratique de la confession collective pourrait, en fait, paraître plus facile pour le pénitent. Cependant, ce que nous avons dit dans la réponse à des questions précédentes nous montre que la vérité du sacrement s’en trouverait bafouée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle celui qui aura bénéficié d’une absolution collective sans confession individuelle devra, dès que possible, aller accuser les péchés graves dont il se souvient.

Je ne me suis pas confessé depuis longtemps et j’ai un peu peur.

Alors ce sera sûrement une très belle rencontre avec la miséricorde de Dieu, peut-être longtemps différée mais enfin réalisée ! N’ayez pas peur, le Christ vous attend les bras ouverts ! Et le sacrement vous permettra de repartir avec enthousiasme. Qu’il est beau de retrouver l’amitié de Dieu ! Quelle joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit !
Si vous ne savez pas ou plus très bien vous confesser, ce n’est pas grave : il suffit de demander tout simplement au prêtre de vous aider. Lui a l’habitude et il vous accompagnera tout doucement pour que vous fassiez une bonne confession. Si vous avez peur ou êtes inquiet, dites-le-lui aussi !

J’ai une très mauvaise expérience d’une confession précédente, et je ne veux pas recommencer !

Il est vrai que la confession est un acte qui coûte et qu’une mauvaise expérience peut rendre difficile le retour au confessionnal. Mais une expérience malheureuse légitime-t-elle vraiment de renoncer à l’amour miséricordieux qui s’offre dans le sacrement ? Il peut être bon de savoir pourquoi j’ai mal vécu une confession. En ce domaine, une réponse générale est difficile car le propre de l’expérience est d’être toujours éminemment personnelle : le meilleur conseil qu’on puisse donner ici serait donc d’aller trouver un prêtre pour démêler la question, mais nous pouvons tout de même essayer de donner quelques pistes.
La première mauvaise expérience peut être celle d’une déception : j’attendais beaucoup du sacrement, et je n’ai pas ressenti la joie que j’en espérais, ma vie ne m’a pas été rendue plus facile ou plus paisible après qu’avant… Il faut ici se rappeler qu’un sacrement, s’il est un signe sensible qui transmet la grâce, est aussi un mystère de foi, et que la foi ne transparaît pas toujours au niveau des émotions, qu’elle n’ôte pas non plus toutes les difficultés du quotidien. La certitude du pardon reçu accroît ma liberté et ma capacité d’aimer en vérité ; pourtant ma psychologie ne le ressent peut-être pas, et les soucis demeurent. Mon péché est enlevé et j’ai retrouvé l’amitié avec Dieu, mais les conséquences de mon péché me poursuivent parfois.
C’est que la vie de foi est de temps à autre une marche dans la nuit, mais une marche vers la lumière, et une marche en compagnie d’un Dieu qui nous aime, même lorsqu’on ne sent rien.
Mais la mauvaise expérience peut venir aussi d’un mauvais contact avec le confesseur. Car le confesseur est un homme lui aussi, avec ses défauts, ses moments de fatigue, ses mouvements d’humeur quelquefois, ses faiblesses, sa timidité peut-être. Et la rencontre entre deux personnes humaines n’est parfois pas facile du premier coup. Surtout lorsque le prêtre ne connaît pas le pénitent, son discours peut « tomber à côté » – c’est d’ailleurs pourquoi il est bon de présenter brièvement son état de vie avant de commencer la confession (on ne dit pas la même chose à un religieux et à un homme marié, à un enfant ou à une grand-mère). Alors le pénitent peut se trouver blessé ou déçu ; mais une telle expérience ne devrait pas remettre en cause le recours au sacrement : simplement mieux vaut changer de confesseur !
On pourrait ajouter que le sacrement du pardon peut devenir aussi, en ce cas, le lieu pour exercer soi-même le pardon vis-à-vis d’un instrument de Dieu quelque peu déficient ou rude ou que nous ne comprenons pas : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés », prions-nous dans le Notre Père.
Mais l’expérience mal vécue pourrait aussi venir des dispositions intérieures du pénitent. Peut-être hésitant sur les résolutions à prendre, il a entendu d’une oreille sceptique les encouragements du confesseur. Ne regrettant peut-être pas sérieusement les péchés commis, il aura jugé mal à propos la sévérité du prêtre. Alors cette expérience ne serait-elle pas tout simplement un appel à la conversion ?
Peut-être, enfin, la mauvaise expérience vient-elle de l’imposition d’une pénitence trop dure. Et il est vrai qu’en ce domaine il y a toujours eu des confesseurs plus sévères que d’autres ! Ce qu’il importe ici, c’est de comprendre le sens de cette satisfaction. Evidemment, il ne s’agit pas du prix à payer pour le pardon donné : le pardon n’a pas de prix, et la rançon a été versée pour la multitude, une fois pour toutes, par le Christ mourant sur la croix.
Mais la satisfaction cherche à réparer les effets du péché et stimule pour mener désormais une vie chrétienne renouvelée. La réparation peut être d’abord matérielle, car le vrai repentir nécessite, dans la mesure du possible de faire cesser ou de réparer les dommages ou les scandales causés par le péché : par exemple, la justice exige que soit rendu ce qui a été volé, ou que la vérité bafouée soit rétablie. Mais la réparation se passe aussi dans le cœur du pénitent : il s’agit de briser les habitudes mauvaises ou l’attachement au mal que le péché a pu faire naître. Et la satisfaction a surtout un aspect positif : il s’agit de manifester et de faire grandir l’amour envers Dieu et ses frères.
Elle peut prendre la forme de la prière, du renoncement, du service du prochain ou des œuvres de miséricorde. Etant un des trois actes du pénitent, elle fait pleinement partie du sacrement et doit être accomplie. C’est pourquoi le pénitent ne doit pas hésiter à faire savoir au prêtre s’il n’a pas compris ce qui lui a été imposé, ou s’il est dans l’incapacité de l’accomplir (par exemple, s’il ne connaît pas la prière qu’on lui demande de réciter !) Cependant, elle ne doit pas être regardée et effectuée comme une obligation juridique, mais comme une exigence de l’amour.

Mais est-ce que le prêtre ne va pas me juger ? Et ce que je vais dire ne pourra-t-il pas servir contre moi ?

Le prêtre lui-même est un pécheur qui connaît sa faiblesse et son péché et qui doit lui-même avoir recours au sacrement de la réconciliation. Il connaît la misère de l’homme de l’intérieur et est donc bien mal placé pour juger celui auquel le Christ va pardonner tous ses péchés.
Mais surtout, c’est au nom du Christ qu’il reçoit le pénitent, et il sait que c’est au Christ lui-même que le pénitent s’accuse à travers lui. Ceci a deux conséquences. La première est que le confesseur doit s’efforcer de regarder celui qui vient à lui avec l’amour du Christ : un amour à la fois miséricordieux et exigeant. Amour miséricordieux, parce que le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme, et qu’il est venu le guérir et le sauver en mourant sur une croix : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour que, par moi, le monde soit sauvé » (Jn 12,47). Mais amour exigeant aussi, car sinon il ne serait pas un vrai amour : l’amour veut que l’autre grandisse et devienne meilleur. L’amour du Christ ne juge donc pas le pécheur, mais il juge le péché et le dénonce, pour que l’homme se détourne de sa conduite mauvaise et obtienne la vie éternelle. Tel doit être le regard, la bonté et l’amour du confesseur pour le pénitent.

La deuxième conséquence est que ce qui est dit en confession ne peut en aucun cas et sous aucun prétexte être répété ou utilisé. Le prêtre ne peut donc s’en servir, ni en faveur, ni au détriment du pénitent, car en réalité ce n’est pas à lui que l’aveu des péchés est fait, mais au Christ à travers lui.
Le droit de l’Eglise prévoit néanmoins que le pénitent – ou d’ailleurs le confesseur – peut demander que le sacrement soit célébré dans un confessionnal avec grille, qui permet de mieux préserver la discrétion quant à l’identité du pénitent.

Quelles sont les conditions pour recevoir le sacrement de pénitence ?

Comme pour tous les sacrements – hormis le baptême, « porte des sacrements » ! –, la première condition pour recourir au sacrement de réconciliation est d’être baptisé et membre de l’Eglise catholique (pour les chrétiens appartenant à d’autres Eglises ou communautés ecclésiales, des conditions particulières sont prévues par le droit de l’Eglise).
Puisque ce sacrement est celui de la confession, il est nécessaire de se savoir pécheur et d’être prêt à reconnaître ses péchés. Le prêtre ne pourrait pas donner l’absolution (le pardon) de péchés qui n’existeraient pas ou qui ne seraient pas avoués ! C’est pourquoi, il est bon de se préparer par un examen de conscience, où l’on identifie tous nos manquements à l’égard de Dieu, du prochain ou de soi-même ; il ne s’agit pas là d’une introspection, mais de relire sa vie à la lumière de l’amour de Dieu. Pour cela, on peut s’aider des Dix commandements ou encore du texte des Béatitudes (cf. Mt 5,3-12) ; il est toujours bon en tout cas de se laisser éclairer par la Parole de Dieu : « Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. Aussi n’y a-t-il pas de créature qui reste invisible devant elle, mais tout est nu et découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte » (He 4,12).
Mais, puisque ce sacrement est aussi celui de la pénitence, reconnaître le péché ne suffit pas, il faut encore le regretter, et prendre la résolution de le réparer si possible et, avec la grâce de Dieu, de ne plus pécher. « Va, dit le Christ à la pécheresse pardonnée, et ne pèche plus ! » (Jn 8,11).
Il n’est donc pas possible de recevoir le pardon (et ce serait un mensonge de le demander) si je ne choisis pas de m’amender, de me convertir et de fuir les occasions proches de péché. Cela ne signifie pas que je ne retomberais pas, cela signifie que j’ai la volonté ferme de ne pas retomber et que je suis prêt à en prendre tous les moyens qui sont à ma disposition. Cela signifie que je choisis en vérité de m’engager dans une relation d’amour renouvelée avec Dieu en quittant ce qui, dans ma vie, s’oppose à cette relation.
C’est pourquoi certaines situations ne permettent pas, hélas, de se présenter aux sacrements – c’est le cas douloureux, par exemple, des divorcés remariés. Il peut être bon pourtant, dans ces circonstances aussi, de rencontrer régulièrement un prêtre et la communauté de l’Eglise, car un tel état ne fait nullement échapper à l’amour et à la sollicitude que l’Eglise porte à tous ses enfants.

Où se confesser ?

Seul le prêtre (ou l’évêque) peut confesser : il tient alors la place du Christ, il accueille, écoute et pardonne le pénitent au nom du Christ. Toutes les paroles prononcées dans le cadre de la célébration du sacrement restent secrètes : jamais, et sous aucun prétexte, le confesseur ne peut répéter ce qu’il a appris à cette occasion. Pour se confesser, il faut donc le demander à un prêtre.

Comment se confesser ?

Le sacrement de la Pénitence est constitué par l’ensemble des trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution du prêtre. Les actes du pénitent sont: le repentir, la confession ou manifestation des péchés au prêtre et le propos d’accomplir la réparation et les œuvres de réparation. (Catéchisme de l’Eglise catholique n°1491).
La liturgie du sacrement sera donc la mise en forme de ces quatre éléments. Il faut y ajouter la lecture de la Parole de Dieu qui pourra être faite au moment opportun, avant ou après la confession des péchés.
Elle commence par un accueil du pénitent par le prêtre. Il est bon, à ce moment-là que le pénitent décrive très brièvement son état de vie (marié, religieux, célibataire, étudiant, retraité…), ce qui permettra au prêtre d’adapter son discours.
Après le signe de croix, le pénitent peut dire au prêtre : « Bénissez-moi, mon Père, car j’ai péché ». Et le confesseur lui répond par ces mots ou d’autres semblables : « Que Dieu vous donne sa lumière pour confesser vos péchés en même temps que son amour pour vous ».
Le pénitent peut alors commencer par la récitation du Confiteor (« Je confesse à Dieu »), puis vient la reconnaissance et l’aveu de ses péchés par le pénitent. Le prêtre peut éventuellement aider le pénitent qui en aurait besoin.
Le prêtre peut alors donner ici des conseils pour commencer une vie nouvelle ou grandir dans la vie chrétienne. Il donne aussi au pénitent une satisfaction (ou pénitence), qui n’est pas seulement une réparation pour le péché commis, mais une aide pour vivre une vie nouvelle et un remède pour surmonter la faiblesse. Il faut noter néanmoins que le pénitent qui aurait causé du dommage ou du scandale devrait être amené à le réparer comme il se doit. La satisfaction peut consister dans la prière ou le renoncement, ou encore le service du prochain et les œuvres de miséricorde.
Si le pénitent ne comprend pas la pénitence proposée ou est dans l’impossibilité de l’accomplir (par exemple, s’il ne connaît pas prière que le confesseur lui demande de réciter), qu’il n’hésite pas à en faire par au confesseur sur-le-champ !
Alors le pénitent est invité à exprimer sa contrition. Plusieurs formules sont proposées ; nous n’indiquerons ici que la plus traditionnelle : Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.
Le prêtre étend alors les mains (ou la main droite) vers le pénitent et lui donne l’absolution de tous ses péchés :
Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui, et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : Par le ministère de l’Eglise, qu’il vous donne le pardon et la paix. ET MOI, AU NOM DU PÈRE ET DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT,
JE VOUS PARDONNE TOUS VOS PÉCHÉS.
Le pénitent répond : Amen.
Le confesseur peut ajouter ici cette prière de conclusion : Que la Passion de Jésus-Christ, notre Seigneur, 
l’intercession de la Vierge Marie et de tous les saints, tout ce que vous ferez de bon et supporterez de pénible contribue au pardon de vos péchés, augmente en vous la grâce pour que vous viviez avec Dieu.
Il peut aussi tout simplement inviter à l’action de grâce et à la joie et renvoyer le pénitent par ces mots ou d’autres semblables : Allez dans la paix et la joie du Christ.
Le pénitent : Béni soit Dieu maintenant et toujours.
ou encore : Rendez grâce au Seigneur, car il est bon.
Le pénitent : Éternel est son amour.
Le prêtre : Le Seigneur vous a pardonné. Faites de même.