Le Réfectoire de Saint-Wandrille

1 000 ans d’Histoire

Les pèlerins viennent nombreux vénérer les reliques du saint évêque Vulfran. De généreux bienfaiteurs, mus d’amour et de dévotion, offrent d’abondantes aumônes, ou même leurs biens, au monastère.

Ainsi Emma, dame de Pontchardon fit-elle de ses deniers bâtir ce réfectoire. Décidant d’entrer en religion en se retirant à l’ombre du monastère de Fontenelle, elle fait don avec l’assentiment de son suzerain le duc Richard II, de deux propriétés situées sur la Touques, le Breuil (Calvados) et Ticheville (Orne), où l’abbaye installa un important prieuré, ainsi que d’autres biens.

Cette donation est établie avant le 23 août 1026, date de la mort de Richard II ; elle est soussignée par ce dernier, mais également par son successeur le duc Richard III, l’abbé Jean de Fécamp, l’abbé Odilon de Cluny, Hugues, évêque de Bayeux, Robert, archevêque de Rouen et le roi de France Henri premier.

Emma de Pontchardon offre également à l’église de Fontenelle une splendide châsse d’argent et d’or. Le 31 mai 1027, l’abbé saint Gérard opère la translation des reliques de saint Vulfran dans la nouvelle châsse, transférée ensuite solennellement dans l’église abbatiale. Une grande foule assiste à la cérémonie, puis l’on sert dans le réfectoire tout neuf un repas dont l’on se souvint longtemps, et la fin de la journée s’achève en réjouissances.

Ainsi Emma, dame de Pontchardon fit-elle de ses deniers bâtir ce réfectoire. Décidant d’entrer en religion en se retirant à l’ombre du monastère de Fontenelle, elle fait don avec l’assentiment de son suzerain le duc Richard II, de deux propriétés situées sur la Touques, le Breuil (Calvados) et Ticheville (Orne), où l’abbaye installa un important prieuré, ainsi que d’autres biens.
Cette donation est établie avant le 23 août 1026, date de la mort de Richard II ; elle est soussignée par ce dernier, mais également par son successeur le duc Richard III, l’abbé Jean de Fécamp, l’abbé Odilon de Cluny, Hugues, évêque de Bayeux, Robert, archevêque de Rouen et le roi de France Henri premier.

Emma de Pontchardon offre également à l’église de Fontenelle une splendide châsse d’argent et d’or. Le 31 mai 1027, l’abbé saint Gérard opère la translation des reliques de saint Vulfran dans la nouvelle châsse, transférée ensuite solennellement dans l’église abbatiale. Une grande foule assiste à la cérémonie, puis l’on sert dans le réfectoire tout neuf un repas dont l’on se souvint longtemps, et la fin de la journée s’achève en réjouissances.

Henry II Plantagenêt, venu à Saint-Wandrille à la fin du XIIe siècle, connaît quant à lui le décor bas actuel qui venait d’être achevé : une arcature romane dont les arêtes entrecroisées retombent sur des colonnes aux chapiteaux à feuilles plates, annonce l’art ogival.

Sous l’abbatiat de Guillaume de La Douillie (1304-1342), une grande baie est ouverte dans le pignon ouest, dans le style des baies du transept de l’abbatiale.

En 1450, l’abbé Jean de Brametot (1444-1453) ramène à Saint-Wandrille les moines exilés à Rouen dans leur hôtel de la rue Ganterie depuis vingt ans, et fait remanier complètement le mur nord du réfectoire, supprimant l’arcature romane, et perçant la muraille de huit grandes fenêtres en tiers point.

Alors que trois des galeries du cloître étaient reconstruites, entre 1495 et 1515, qu’était créée la double porte vers le cloître ainsi que le lavabo, dans le style de la première renaissance normande, une voûte en forme de carène renversée est aussi posée.

Venant de Jumièges, le roi François Ier séjourne à Saint-Wandrille le 8 août 1545, et connaît le réfectoire dans un état proche de l’état actuel, sauf les fenêtres hautes modifiées ultérieurement. Probablement à la fin du XVIe s., le nombre de moines diminuant avec la régularité, le réfectoire est divisé, avec la création à l’est et à l’ouest, d’un petit réfectoire d’hiver et d’un office.

De 1634 à 1790, ce sont les moines de la congrégation bénédictine de Saint-Maur qui restaurent la vie monastique tant au spirituel qu’au matériel. Dans le grand réfectoire, la baie du pignon ouest est aveuglée par l’édification du bâtiment contigu, et donc murée. L’office établi près de la cuisine est conservé. L’arcature romane est noyée dans le plâtre, et cachée par une boiserie. Le pavage de terre cuite vernissée de couleur verte est remplacé par un dallage de pierre. A la fin du XVIIIe s., deux passages en arcs de cercle sont créés dans les angles, pour une meilleure communication entre les bâtiments.

Après la suppression des ordres religieux, les moines quittent l’abbaye en octobre 1790. Le domaine est adjugé en 1791 à un négociant d’Yvetot qui y installe, et ses descendants après lui, une fabrique d’épingles, une manufacture de tabac, une filature, un atelier de tissage.

Durant tout le XIXe siècle, l’abbaye reçoit la visite de touristes, parfois illustres. Le 27 juillet 1824, c’est la duchesse de Berry, belle-fille du roi Charles X ; le lavabo du XVIe siècle attire son intérêt, et la princesse offre vainement de l’acheter.

Le 12 août 1835, c’est Victor Hugo, qui malgré une altercation avec le propriétaire d’alors, visite le monastère, qu’il connaît déjà par les gravures des Voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France de Taylor et Nodier (1820), et l’Essai historique et descriptif sur l’abbaye de Fontenelle de Langlois (1827).

Une gravure de ce dernier ouvrage l’avait frappé, et il l’avait décrite en 1831 dans Notre-Dame de Paris, il s’agit du lavabo et de son « moine bachique à oreilles d’ânes, et un verre en main, riant au nez de toute une communauté ». Victor Hugo visitera de nouveau le monastère le 12 septembre 1879.

L’abbaye est alors la propriété du marquis de Stacpoole, devenu Monseigneur de Stacpoole, lequel pendant les trente ans de sa vie à Saint-Wandrille, transforma le monastère en maison d’été, dans le genre des châteaux anglais. Les fenêtres sud du réfectoire sont murées, les baies nord transformées, des ouvertures percées, l’arcature romane dégagée de son plâtre, et surmontée d’une galerie qui fait communiquer les deux bâtiments est et ouest. Le grand réfectoire devient un grand hall, avec parquet de chêne, escalier monumental, billard, fausse cheminée. Une salle à manger est aménagée dans la partie ouest.

Après leur retour à Saint-Wandrille le 13 février 1894, les moines utilisent ordinairement cette petite salle à manger plus adaptée au nombre encore restreint de la communauté, jusqu’à la bénédiction abbatiale de dom Pothier, le 29 septembre 1898, date à laquelle ils reprennent l’usage du grand réfectoire.

Un projet de restauration est élaboré par l’architecte Sainsaulieu en 1899, mais la communauté doit partir en exil le 25 septembre 1901.

De 1907 à 1914, des personnalités originales occupent l’abbaye, l’écrivain Maurice Maeterlinck et son égérie l’actrice Georgette Leblanc, sœur de l’auteur d’Arsène Lupin. C’est dans ce réfectoire que devant une élite de spectateurs choisis, furent représentés en 1909 Macbeth, et en 1910, Pélléas et Mélisande.

La famille Latham vivra ensuite plusieurs années à l’abbaye, et le réfectoire devenu en fait salle de jeux, constituera une parfaite piste de patins à roulettes pour les enfants de la maison.

L’année 1930 qui précède le retour de la communauté dans son monastère normand, voit une restauration complète de l’abbaye ; on ôte du réfectoire les adjonctions de l’époque de Mgr de Stacpoole. Boiseries, galeries et escalier sont supprimés, mais le parquet demeure.

Pendant l’occupation allemande, les troupes utilisent le réfectoire, en particulier comme salle de spectacles.

Le bombardement du 10 août 1944 va détériorer la partie ouest et le bâtiment adjacent.

Il faudra attendre décembre 1992, pour que débute un ambitieux projet de restauration complète du réfectoire, sous la direction de Monsieur Dominique Moufle, architecte en chef des monuments historiques, avec le concours financier – le réfectoire est classé monument historique depuis 1863 – de l’État, du conseil général, et de nombreux et généreux mécènes et bienfaiteurs.

Le chantier est terminé depuis la fin de l’année 1997, et la communauté a pu en reprendre l’usage depuis le 26 janvier 1998.