Ce que nous appelons l’accueil Saint-Joseph est une maison, à quatre pignons à pas de moineaux, sans style bien défini, qui ne s’harmonise avec aucun des bâtiments proches. Conçue comme école, devenue tour à tour maison particulière, puis hôtel-restaurant, et enfin hôtellerie monastique, toujours aussi peu adaptée à l’usage qui est le sien depuis 70 ans. Chaque génération a tenté de l’améliorer, de l’adapter, supprimant, réouvrant, fermant, essayant de tirer parti au mieux d’un bâtiment quelque peu ingrat.
A l’origine cette maison a fait partie d’un ensemble de constructions, plus ou moins cohérentes, dues à la munificence, à la charité et à la piété du marquis et de la marquise de Stacpoole qui avaient acheté l’abbaye en 1863 : la porte monumentale, le petit portail de l’ancien cimetière, dite lichgate, les chapelles de l’église paroissiale, le calvaire, le Saint-Sépulcre, la croix du cimetière, érigés ou aménagés entre 1865 et 1881.
Le couple acheta une parcelle de terrain à l’angle du jardin du presbytère et du cimetière entourant l’église, et fit construire en 1869 une école de filles, tenue par des religieuses. On ne sait quelle congrégation religieuse féminine s’en occupa.
L’école portait et porte encore, côté église paroissiale, une plaque de marbre gravée : « AMDG / Georgii marchionis de Stacpoole / Et / Mariae marchionissae / Sumptibus / Pro puellis instituendis / AD MDCCCLXIX / Orate pro eis ».
L’école Saint-Joseph a été construite à la même époque que la mairie de Saint-Wandrille (1869), par les mêmes architectes, Martin et Marical, d’Yvetot. Il semble que précédemment la mairie utilisait le pavillon de la Nature, actuelle hôtellerie. Le marquis voulait à cette époque récupérer ce pavillon, pour y loger son concierge, et clore la cour devant la porte de Jarente, pour « privatiser » tout ‘espace situé au sud des bâtiments monastiques, l’avant-cour et les ruines de l’église abbatiale. Il bâtit alors la porte monumentale (1867) donnant sur la place du bourg, avec des restes de l’extrémité du bâtiment Est de l’abbaye, notamment un fronton sculpté.
Après bien des tribulations et arcanes juridiques, le 16 février 1897, les moines reprennent possession de l’abbaye.
En 1897, 4ème duc de Stacpoole, est toujours héritier du bâtiment de l’ancienne école, mais n’ayant plus aucune attache à Saint-Wandrille, il le vend le 26 avril 1897 pour 4.000 francs à Mme Augustine Vautier, caennaise, mère de deux jeunes moines brillants et un peu originaux, les frères Henri et René Vautier. Elle avait acheté cette maison pour y loger lorsqu’elle venait voir ses fils. Elle y arrive pour la première fois le 4 mai 1897, avec sa bonne. L’architecte Buzy, de Niort, qui avait été architecte de Ligugé, vient en août en vue des « travaux de transformation à l’intérieur de la maison d’école » dit la chronique.
Madame Vautier y était rejointe chaque année, au printemps, par d’autres dames, ainsi Melle Marie Soudée, une habitante de Solesmes et Sablé, ou Melle Jores. Ces dames y travaillaient au linge d’autel du monastère. L’habitude est prise : Madame Vautier met, à la demande, sa maison à la disposition d’hôtes, des dames, qui ne peuvent évidemment pas loger à l’abbaye. L’accueil des dames s’y faisait donc de façon courante, mais peu organisée.
Après le départ en exil des moines en 1901, la maison Saint-Joseph reste la propriété de Mme Vautier. Elle abrite un certain nombre de caisses non emportées lors du déménagement précipité. Comme il s’agissait d’une propriété personnelle, la maison n’est ni séquestrée ni liquidée, d’autant plus qu’elle est louée jusqu’en 1930 à deux rouennaises, Mesdemoiselles Lanchon et Granger, qui y viennent résider chaque été, en assurant l’entretien.
Durant leur exil, les moines connaitront plusieurs lieux d’accueil. A partir du séjour à Conques en 1912, il y aura, près du monastère, une maison qui accueille occasionnellement les familles des moines, tenue par un couple, les Daoust, qui restera attaché à la communauté durant 50 ans. Plus tard lors de l’exil au Réray dans l’Allier (1924-1930), il y eut la « maison des quatre vents », toujours tenue par Mme Daoust, pour l’accueil des familles de passage. Le principe de l’hôtellerie est né.
En 1930-31, c’est le retour des moines dans l’abbaye normande.
Après la mort de sa mère et de son frère en 1912, le Père René Vautier était resté seul propriétaire de la maison Saint-Joseph. Le couple Daoust, qui suit toujours la communauté, s’y installe. Elle devient l’Hôtellerie Saint-Joseph. Madame Daoust accueille à l’occasion des familles de moines pour quelques jours, ou des personnes à demeure, comme Madame Gontard, mère du Père abbé qui y finira ses jours ou une pieuse et originale oblate comme Eve Lamotte.
En 1936, le Père Vautier cède la maison à la Société immobilière de Saint-Wandrille qui devient plus tard l’association des amis de Saint-Wandrille, laquelle la remet à la communauté avec toute la propriété en 1993, après sa reconnaissance légale.
Dès lors, Madame Daoust fera peu à peu « pension de famille », en hébergeant des ouvriers venus travailler pour la restauration de l’abbaye, plus encore à partir de 1940, après l’incendie des hôtels de Caudebec et la carence d’hôtels dans la région. Le départ à la retraite de Mme Daoust en 1957, ne se fera pas sans déchirement ni problèmes.
Après le départ du couple Daoust, et un intermède de quelques années, c’est le Père Raymond Trancard qui, en 1963, deviendra gérant officiel de l’hôtellerie Saint-Joseph, et adhérera donc à ce titre à la Confédération française des hôteliers restaurateurs, cafetiers et limonadiers.
Le Père Abbé Dom Ignace Dalle, élu en 1962, ne peut que constater l’augmentation de la demande de séjours de retraite auprès de l’abbaye, tant au masculin qu’au féminin. Plutôt que de reprendre des gestionnaires laïcs, les années précédentes en ayant montré les inconvénients, dom Dalle souhaite que l’accueil à l’hôtellerie extérieure soit assuré par des religieuses.
Il fait appel aux oblates de saint Benoît des Thibaudières, à Chadurie, dans les Charentes pour tenir l’hôtellerie Saint-Joseph. Elles tiendront l’hôtellerie Saint-Joseph presque dix ans mais doivent cesser en novembre 1973, faute de recrues.
Le Père Abbé Levasseur repart en quête d’une autre congrégation qui accepterait d’assurer l’accueil. Le 4 avril 1974 arrivent les sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Elles y resteront jusqu’au 5 novembre 1980, soit six ans et demi. C’est en raison de leur présence qu’une relique de la mère Javouhey leur fondatrice a été mise dans l’autel de Notre-Dame de Caillouville.
Après le départ des sœurs, il est envisagé de ne plus rester « hôtel restaurant ». Les chambres et la cuisine font l’objet d’une réfection. Le fonds de commerce est supprimé le 31 décembre1981.
L’hôtellerie Saint-Joseph devient l’accueil Saint-Joseph.
En 1986, la maison fait l’objet d’une réorganisation complète pour pouvoir être gérée au mieux, par un moine, aidé de deux dames du bourg.
fondateur et 1er abbé, +668 fêté le 22 juillet
moine et diacre, VIIe siècle fêté le 18 septembre
Notre père saint Wandrille l’ayant envoyé à Sainte-Eulalie de Bordeaux pour rencontrer sainte Hildemarque, future abbesse de Fécamp, le pria de rapporter des reliques de saint Saturnin évêque de Toulouse et de saint Amans évêque de Rodez. Les restes du diacre Sindard seraient toujours à Gauville, cachés sous les ruines et la végétation.
moine, + av.668 fêté le 8 juillet
Disciple de saint Wandrille. Notre bienheureux Père le comptait en effet parmi les saints ; alors qu’il priait, peu avant le dernier soupir, il vit Agathon figurer dans le chœur des bienheureux que le Seigneur envoyait au devant de lui. La joie sur le visage, il invoquait le nom de ce juste, dont il avait pu apprécier la vie digne de louanges ; d’où le culte qu’on rendit à Agathon dans notre monastère, comme l’attestent plusieurs documents anciens.
moine, évêque de Toulouse, + 671 fêté le 14 mai
Né de parents nobles à Filliancourt, près du Pecq, il fut choisi par le Seigneur et par ordre de Clotaire III pour occuper le siège épiscopal de Toulouse. Après les remaniements de territoires qui se produisirent lors de l’éloignement de Dagobert II en 661, celui qui représentait la Neustrie sur les bords de la Garonne dut regagner les rives de la Seine. Érembert vécut, plusieurs années peut-être, avec son frère Gamard et ses neveux Nammachus et Zachée dans la communauté monastique de Filliancourt, puis il vint passer ses dernières années en l’abbaye de Fontenelle sous le gouvernement de saint Lantbert. Son corps reposa tout d’abord dans la basilique Saint-Paul, puis dans l’église Saint-Pierre ; nombreux étaient ceux qui venaient lui demander intercession auprès de Dieu.
fils de saint Waninge, fondateur de Fécamp, VIIe siècle fêté le 18 décembre
chapelain de sainte Bathilde, évêque de Lyon, + v. 680 fêté le 3 novembre
Genès faisait partie du clergé du palais de Clovis II, où on lui donnait le titre d’abbé. Le roi l’avait attaché particulièrement à la reine sainte Bathilde, qu’il secondait dans ses dévotions et ses bonnes œuvres, en s’occupant des prêtres pauvres et des monastères.
moine, abbé de Belcinac, + 680 fêté le 21 octobre
Né en Grande-Bretagne, il passa la mer pour mener une vie plus austère et il se fixa dans une solitude près de Saint-Valéry; puis attiré par la réputation de l’abbé Lantbert, il vécut des années au monastère de Fontenelle. Mais ne comprenant pas la vie religieuse sans la prédication et l’exemple, il se retira dans une île de la Seine nommée Belcinac, à l’ouest de Caudebec ; il y bâtit deux églises, l’une à la Vierge, l’autre aux apôtres Pierre et Paul, recevant là les nombreux fidèles qui traversaient le fleuve pour voir et entendre notre ermite. Concède fut enseveli dans l’église des saints apôtres, mais la barre, appelée depuis mascaret, invita les frères à transporter le corps du bienheureux à Fontenelle. En 1027 ses restes furent joints à ceux de saint Érembert.
2e abbé, évêque de Lyon, + 688 fêté le 14 avril
Lors de son entrée à Fontenelle, son père et lui-même donnèrent à l’abbaye des biens considérables dans le Ternois, qui furent les bases de la fortune de Saint-Wandrille dans cette région. Quant au domaine de Donzère, situé en face de la cité épiscopale de Viviers sur les bords du Rhône, ce fut une nouvelle faveur de Thierry III, que le roi accorda peut-être à Lantbert pour subvenir aux besoins en huile du monastère. Enfin, les voyages nécessités par cette fondation mirent probablement l’abbé de Fontenelle en contact avec la région lyonnaise et lui valurent d’être appelé au siège de saint Pothin. Selon les termes d’un de ses historiens, ce fut un administrateur de premier ordre, qui, dans toutes les circonstances où il eut à paraître, réussit toujours admirablement par ses qualités d’audace réfléchie et de méthode. A Fontenelle, il demeura la personnification de la discipline, dans ce qu’elle a de formateur et de fécond. Le martyrologe hiéronymien atteste qu’il fut vénéré peu de temps après son trépas.
fondateur avec saint Wandrille, puis abbé d’Oye, + 690 fêté le 26 mai
Gond est considéré comme neveu de notre père saint Wandrille, selon les termes mêmes de la Vita sancti Wandregisili. Or la mère de saint Gond, dont le nom ne nous est pas parvenu, était sœur de Waugise, le père de Wandrille ; mais au delà de l’emploi abusif du terme « neveu » chez les Saxons, les deux cousins, avec l’agrément de Ouen, évêque de Rouen, surent bâtir le monastère de Fontenelle en forêt de Roumare, l’an du Seigneur 649. Wandrille l’envoya à Rome avec la mission de rapporter des reliques des saints apôtres Pierre et Paul et des saints martyrs Laurent et Pancrace, ainsi que des livres de l’Écriture Sainte et du pape Grégoire. Vers 662, après s’être dépensé sans compter à Fontenelle, Gond se retirait à jamais dans la solitude d’Oye, en Champagne. Son trépas eut lieu un 26 mai, vers l’an 690. Son corps fut solennellement reconnu en 1621 ; en 1936, l’évêque de Châlons-sur-Marne nous cédait deux reliques du saint. Saint Gond est encore honoré de nos jours dans l’Est de la France, à Verdun et à Châlons-en-Champagne, à Langres et à Besançon ; au cours des siècles, il l’a été plus spécialement à Saint-Wandrille, et cela jusqu’à la Révolution. Étant donné ce culte et le rôle essentiel joué par saint Gond dans les débuts de notre monastère, les moines de Fontenelle célèbrent de nouveau les mérites de notre bienheureux.
3e abbé, évêque de Rouen, + 695 fêté le 9 février
Désigné par notre père saint Wandrille comme l’un de ses successeurs immédiats, il assuma de plus, plein de mérites, la charge d’évêque de la Ville de Rouen après le trépas de saint Ouen, en 684. Victime de la jalousie, Ansbert demanda l’hospitalité aux moines de Hautmont, au diocèse de Cambrai. Il mourut en exil, l’an du Seigneur 695, mais on rapporta à Fontenelle les restes du saint. Hildebert, nouvel abbé du monastère, se porta à leur rencontre avec la foule des fidèles du diocèse et des moines de l’abbaye ; ayant reçu le précieux fardeau, il accomplit avec dévotion toute la cérémonie funèbre. Les restes de saint Ansbert furent placés dans l’église Saint-Paul, puis neuf ans plus tard, en 704, dans l’église Saint-Pierre. Dans la suite, par crainte des Normands, les reliques de saint Ansbert furent transportées dans le Ponthieu et enfin au Mont-Blandin de Gand, avant qu’elles ne soient détruites par les calvinistes en 1578. Au début du IXe siècle peut-être, le moine Aigrade commença à recueillir les traits principaux de la vie de saint Ansbert, étant donné le très grand rayonnement et la vénération dont il était l’objet. Le culte de saint Ansbert fut constant en notre monastère au cours du moyen-âge. De nos jours, on aime à rappeler le zèle de saint Ansbert pour l’entretien de la vigne du monastère sur la colline de Saint-Saturnin.
moine et évêque de Sens, + v. 697 fêté le 1er juin
Vulfran fut moine de notre monastère et archevêque de Sens. De son long séjour dans le siècle, et sans doute aussi d’une impulsion spéciale du Seigneur, il avait gardé le goût de l’apostolat ; imitateur des religieux celtes, il fut à la pointe de la prédication de l’Évangile chez les Frisons. Après avoir annoncé la bonne nouvelle pendant cinq ans, saint Vulfran revint à Fontenelle pour vivre dans la retraite et se préparer à la mort. Depuis le XIe siècle, les restes vénérés du bienheureux furent l’objet d’un culte assidu et s’illustrèrent par d’innombrables miracles qui, jusqu’aux guerres de religion, semble-t-il, amenaient tous les cinq ou six ans aux fêtes appelées Le grand Pardon de saint Vulfran, des flots de pieux pèlerins.
4e abbé, + 701 fêté le 18 février
Ce fut Hildebert qui accueillit peu après 684 le futur saint Vulfran et qui l’encouragea dans ses projets d’évangéliser les Frisons, accordant au missionnaire les ressources et les auxiliaires qu’il désirait. Quelque dix ans plus tard, il recevait Wandon, originaire du Vimeu et peu après, Bénigne deux futurs abbés du monastère. L’abbé Hildebert fut honoré du culte rendu aux saints et n’eut pas à souffrir de la controverse qui s’éleva entre les Mauristes à ce sujet ; à cette époque d’ailleurs, ses reliques étaient conservées à la vue de tous dans une châsse proche de l’autel.
moine, abbé d’Indre, + v. 720 fêté le 16 mars
Né à Noyon d’une famille distinguée, il fut échanson sous le roi Clotaire III et quitta la cour pour se consacrer à Dieu. Il entra à Fontenelle vers 668 et fut ordonné prêtre par saint Ouen peu de temps après sa profession. Il fut envoyé avec douze religieux à l’évêque de Nantes qui les établit dans l’île d’Indre, à deux lieues de la ville. Après avoir longtemps gouverné et édifié sa communauté, Hermeland quitta sa charge et passa le reste de sa vie dans un petit oratoire qu’il avait fait construire en l’honneur de saint Léger. Il fut enterré dans l’église Saint-Paul, près de l’oratoire de Saint-Wandrille, et élevé de terre quinze ans après. La plus grande partie de ses reliques furent transportées à Loches au IXe siècle ; la moitié d’un tibia nous a été remise en 1936. Plusieurs églises de Bretagne sont placées sous sa protection ; Rouen en avait une autrefois près de la cathédrale.
évêque de Thérouanne, 5e abbé, + 710 fêté le 20 juin
Il fut moine de ce monastère, puis évêque de Thérouanne, vers 698. Après un épiscopat de douze ans, Bain quitta son diocèse pour retourner à l’abbaye de Fontenelle, dont il devint le cinquième abbé. L’auteur des Gesta énumère les nombreuses donations que le roi Childebert lui accorda, entre autres : le monastère de Fleury dans le Vexin, l’église de Poses au diocèse d’Évreux et les pêcheries du Pecq, près de Poissy. Le 31 mars 704, Bain transféra les corps des saints Wandrille, Ansbert et Vulfran de la basilique Saint-Paul dans l’église Saint-Pierre. Saint Bain mourut six ans plus tard. Son nom est inscrit au martyrologe hiéronymien.
vidame de l’église de Rouen, abbé de Fly , + ap. 719 fêté le 6 avril
Il fut d’abord vidame de l’Église de Rouen, assista au concile tenu en 689 par saint Ansbert, alors évêque de cette ville, et le suivit dans son exil en Hainaut. Devenu abbé de Flay, il ne tarda pas à remettre son abbaye entre les mains de saint Bénigne, son parent, pour aller mourir à Fontenelle, où il voulut être enterré auprès de saint Ansbert.
moine, + v. 720 fêté le 5 juin
Originaire de Grande-Bretagne, il vécut à Fontenelle où il mena durant de longues années une vie d’une régularité irréprochable au témoignage de son abbé saint Bénigne. Les Gesta abbatum Fontanellensium rapportent en effet, que le saint abbé soupira longuement au moment où le serviteur du Christ quitta la terre ; comme inspiré par l’Esprit de Dieu, il prononça à haute voix ces paroles : « O Bagga, vaillant porte-étendard de la milice du Christ, tu reçois maintenant avec bonheur le salaire de tes travaux ; prie aussi le Seigneur Jésus, afin que nous méritions de jouir éternellement avec toi de la société des élus ».
6e abbé, + 724 fêté le 22 mars
Il fut moine, puis abbé de Fontenelle, qui demandait dans sa prière que lui soit accordée la compagnie des justes dans l’éternité. Chassé de son abbaye pour avoir pris parti dans la lutte entre Charles Martel et Rainfroy, il se réfugia à Flay. Quelques années plus tard, il fut rappelé à Fontenelle. Sous son gouvernement, l’abbaye reçut des possessions en grand nombre, mais on compta surtout des religieux que distingua leur sainteté, Rothmond entre autres, père de saint Milon, Milon lui-même et le prêtre Bagga.
évêque de Rouen, Paris, et Bayeux, 8e abbé, + 732 fêté le 9 avril
Fils de Drogon et cousin de Pépin le Bref, il fut élevé par sainte Ansflède son aïeule qui lui inspira du mépris pour le monde. Nommé évêque de Rouen en 723, il fut chargé également d’administrer les diocèses de Bayeux et de Paris, les abbayes de Fontenelle et de Jumièges, non par ambition ou intérêt, mais conformément à la coutume des princes d’alors, malgré les canons de l’Église. Outre les biens qu’Hugues donna à l’abbaye de Fontenelle, il lui légua un calice d’or avec une grande patène, une tourelle pareillement en or et une châsse ornée de pierreries contenant les reliques de plusieurs saints. Son corps fut déposé à Jumièges en l’église Notre-Dame ; puis transféré au IXe siècle au prieuré d’Haspres en Cambraisis. Depuis 1897, Saint-Wandrille possède l’humérus du bienheureux, provenant de Jumièges.
9e abbé, archevêque de Reims, + v. 735 fêté le 16 janvier
Il exerça les fonctions épiscopales dans le diocèse de Reims, avant d’obtenir l’abbaye de Fontenelle. En cour près de Charles Martel, il reçut un deuxième bénéfice, la celle de Saint-Saëns dans la vallée de la Varenne. De plus, le prince lui donna confirmation des biens du monastère et le tout puissant Maire du Palais spécifia qu’il prenait l’abbaye sous sa protection particulière, à l’égard de toute autorité civile ou religieuse. L’abbé Landon gouverna Fontenelle pendant trois ans et il rejoignit ses pères. Son nom est inscrit au martyrologe hiéronymien.
prieur, + v. 745 fêté le 24 septembre
Moine et prieur de ce lieu « aimant et favorisant la règle monastique et l’austère observance » précise le chroniqueur. Même sous le triste abbé Teutsinde, il lui fut possible d’édifier une église destinée probablement aux fidèles demeurant autour de l’abbaye. Elle fut construite à l’angle sud-ouest des bâtiments, au point le plus élevé de l’ensemble, et peut-être pour cette raison, dédiée à saint Michel. Rebâtie au XIe siècle, elle constitue depuis lors l’église paroissiale. Ayant terminé sa carrière, Ermier fut enseveli dans l’église Saint-Pierre devant la porte du cloître.
moine et ermite, + v. 730 fêté le 18 août
Avec la permission de son abbé saint Bénigne, Milon se retira avec son père Rothmond, pour mener la vie anachorétique, pendant que sa mère Gisla entrait au monastère de Logium près de la Seine. L’ermitage de notre saint, encore connu de nos jours sous le nom de « grotte à Milon », était situé près de l’embouchure de la Rançon et de la Fontenelle; creusé dans la roche vive, il pouvait contenir une vingtaine de personnes. Là Milon veillait sur l’abîme houleux qui se tenait à ses pieds, luttant contre les mauvais esprits de l’air qui faisaient chavirer les frêles esquifs naviguant sur le fleuve ; au pied de la roche, il célébrait la messe dans la petite chapelle où il recevait également les pèlerins. Enfin, voulant vivre du travail de ses mains, il planta et cultiva la vigne sur le flanc de la colline. Après une longue pratique des bonnes œuvres, il rendit son âme au Seigneur.
13e abbé, + 753 fêté le 16 septembre
Chargé du temporel du vivant même de saint Wandon, il avait obtenu de Pépin un diplôme accordant à l’abbaye les droits régaliens sur ses tenanciers et c’est sous son abbatiat qu’augmentèrent les possessions en Cotentin. En 753 la faveur du roi l’obligeait à préparer l’arrivée du pape Étienne II dans les états francs. Parvenu à Agaune à son retour de Rome, Austrulf y achevait prématurément sa mission diplomatique.
7e abbé, + 754 fêté le 17 avril
Originaire du Vimeu, il avait apporté d’importants domaines en se faisant moine. Les hasards de la politique le placèrent à la tête de l’abbaye, en même temps que Rainfroy le comblait de ses faveurs ; mais les mêmes hasards, disons Charles Martel, l’envoyèrent en exil, vers l’Est, au monastère de Saint-Servais de Maëstricht ; il devait y rester vingt-huit ans, se soutenant par la prière et l’étude. Après quoi, Pépin le Bref autorisa le retour de Wandon en terre cauchoise où, malgré son grand âge, l’abbé de Fontenelle sut tracer, dans l’ordre intellectuel, un sillage qui assura à jamais l’estime et la reconnaissance de tous. Sept ans après son retour, il fut privé de la vue ; alors sans se relâcher de ses bonnes œuvres, il se recommanda au Christ par les jeûnes, les veilles et la prière. Son corps fut inhumé dans l’église Saint-Pierre avec les bienheureux confesseurs Wandrille, Ansbert et Vulfran.
moine, évêque de Sées, + 750 fêté le 3 février
moine, évêque d’Evreux, 15e abbé, + 807 fêté le 14 juin
Né de parents nobles, il entra au palais et après avoir reçu les ordres, il devint le chapelain de la reine Bertrade. Charlemagne l’appela à l’évêché d’Évreux et lui confia même plusieurs missions en Angleterre. En 787, notre bienheureux était abbé de Fontenelle ; « Il y trouva beaucoup d’ignorance, précise dom Abraham Féray ; afin de l’en chasser comme la peste des monastères, il institua une école pour faire apprendre aux religieux les lettres et le chant. De plus, il fit bâtir une nouvelle infirmerie, une sacristie et une cuisine, et recouvrir de plomb l’église Saint-Pierre ainsi que Saint-Paul et Saint-Michel. Enfin, il obtint de l’empereur un privilège pour recouvrer les biens du monastère qui étaient aliénés ».
moine et ermite, + 812 fêté le 20 avril
Moine de ce monastère, à qui les documents anciens donnent le titre de diacre ou de prêtre de Saint-Saturnin. La vie contemplative qu’il menait le faisait vivre en solitaire dans l’ermitage que notre père saint Wandrille avait dédié au saint martyr, à flanc de coteau, au nord de l’abbaye. Ignorant l’oisiveté, il inculquait à de nombreux disciples les règles de l’arithmétique et du comput. De plus, il leur enseignait l’art de l’écriture, où il était devenu maître, employant une caroline mêlée de notes anglo-saxonnes, comme le prouvent des manuscrits aujourd’hui conservés à Rouen, à Berlin ou à Coblence, témoins de ce qu’il légua à son monastère.
16e abbé, au IXe siècle fêté le 16 mars
Abbé de ce monastère, il obtint de Louis le Pieux, en la seconde année de son règne, un décret confirmant les privilèges accordés à l’abbaye par ses prédécesseurs. Avec sa bienveillante autorisation, l’abbé Trasaire put retourner en son pays natal, et le duc Sigon de Bénévent, qu’il avait tenu sur les fonts du baptême, le reçut avec honneur. Après quoi, de retour à Fontenelle, il se démit de sa charge d’abbé et passa saintement le reste de ses jours. Au temps de la Congrégation de Saint-Maur, ses reliques étaient encore exposées à la vénération des fidèles dans une châsse placée sur l’autel majeur.
19e abbé, + 833 fêté le 20 juillet
Né vers 770, Anségise était d’origine franque ; il se retira à Fontenelle près de son parent Gervold alors abbé, qui lui conféra la cléricature. Chargé par Charlemagne d’administrer les deux monastères de Saint-Sixte près de Reims et de Saint-Menge près de Châlons, il devint ensuite abbé de Saint-Germer au diocèse de Beauvais ; en 817 il était nommé abbé de Luxeuil, et de notre monastère en 823. Avec ses compagnons du vieux moûtier colombanien, il en raviva l’esprit monastique, accrut la bibliothèque et de plus, restaura plusieurs bâtiments, en construisit de nouveaux, parmi lesquels on ne doit pas oublier le Chapitre au nord de l’église Saint-Pierre, la plus ancienne salle capitulaire mentionnée par les textes, disent les érudits. Les Gesta du IXe siècle décrivent ainsi l’usage qu’on en faisait : « C’est là que les frères ont coutume de s’assembler quand ils ont à délibérer sur quelque affaire ; c’est là que chaque jour, on lit sur un pupitre la loi divine et qu’on indique ce que commande l’autorité de la Règle ». De plus, Anségise assura l’entretien régulier des moines, réglant soigneusement les redevances dues par chaque exploitation. Enfin, il est l’auteur de la plus ancienne collection de Capitulaires de Charlemagne et de Louis le Débonnaire.
22e abbé, + 850 fêté le 11 septembre
Succédant au bienheureux Foulques, il gouverna l’abbaye pendant plus de quatre ans, et sut faire face aux vikings qui ravageaient alors le pays. Au moment voulu, il envoya des secours au roi Charles le Chauve qui assiégeait Toulouse révoltée.
18e abbé, + 840 fêté le 18 mai
Élevé à la cour de Charlemagne, il devint par la suite le secrétaire de l’empereur. Louis le Débonnaire le combla de faveurs ; et c’est ainsi, suivant la législation religieuse d’alors, qu’il obtint plusieurs bénéfices ecclésiastiques, les abbayes de Fontenelle, de Saint-Servais de Maëstricht, de Saint-Pierre du Mont-Blandin, de Saint-Bavon de Gand et de Saint-Maur des Fossés. Enfin il dit adieu au monde et fonda le monastère de Seligenstadt sur le Main, en l’honneur des saints martyrs Marcellin et Pierre. Pendant les cinq ans de son abbatiat à Fontenelle, il s’était efforcé de loin avec le concours de Benoît de Saint-Maur-des-Fossés d’encourager une réforme de la vie monastique. Appelé à d’autres dignités, il remit sa crosse aux mains de saint Anségise.
21e abbé, + ap. 845 fêté le 10 octobre
On lit que de son temps, des Danois ou Normands, s’abattirent sur toute la Neustrie comme un véritable fléau. Le 24 mai 841, les supérieurs locaux de l’abbaye, agissant aux lieu et place de l’abbé retenu à la cour, se mirent en rapport avec le viking Oscar qui commandait la flottille pour négocier une rançon. Fatigués de piller, ils se contentèrent pour le monastère lui-même de six livres d’or, dit la chronique. Trois ans après, le bienheureux Foulques recevait la récompense éternelle ; il avait gouverné Fontenelle onze ans, six mois et vingt-six jours.
30e abbé, + assassiné en 1029 fêté le 29 novembre
En 1029, dans la nuit du samedi au premier dimanche de l’Avent, le martyre du saint abbé Gérard, assassiné par une main criminelle, alors que l’homme de Dieu prenait son repos « après le travail des mains, le jeûne et les prières de coutume ». Modèle d’observance, doué des faveurs célestes, saint Gérard, à la demande du duc Richard, dut abandonner le gouvernement du prieuré de Crépy-en-Valois, prendre celui de Fontenelle et relever ce monastère de ses ruines. Il reconstruisit l’église Saint-Pierre et c’est au cours des travaux que furent découverts les restes de saint Vulfran, lesquels furent déposés dans une chasse d’argent. Lui-même fut enseveli avec honneur à l’entrée du Chapitre qu’il avait fait bâtir. En 1671 on trouva dans sa tombe alors mise à mal, une lame de plomb portant l’inscription : « Hic requiescit Abbas Gerardus… ab injusto injuste interfectus ».
31e abbé, + 1048 fêté le 6 mars
Abbé de ce monastère pendant 19 ans. Encore doyen, on lui avait confié l’édification de l’abbaye du Mont-Sainte-Catherine, près de Rouen. En 1031, il fit consacrer la nouvelle église du monastère de Saint-Wandrille, reconstruite par son prédécesseur saint Gérard. A sa prière, le duc Guillaume restitua l’île de Belcinac et donna quatre églises en Angleterre. Le saint abbé fut aussi le conseiller de Onfroy de Vieilles, seigneur de la châtellenie de Pont-Audemer, en vue de la fondation d’un monastère sur les terres de Préaux ; d’ailleurs, il lui envoya des moines, Eymard tout d’abord puis Ansfred qui devait en être le premier abbé. Malgré le culte des fidèles pour les restes de saint Gradulphe, son corps fut brûlé par les calvinistes ; cependant, le peuple n’en continua pas moins à prier devant sa tombe.
33e abbé, + 1089 fêté le 4 septembre
Originaire de Mayence, moine à Florence, puis à Fécamp auprès de saint Maurille et connu par son renom de sainteté, Gerbert fut appelé à Fontenelle par Guillaume le conquérant, afin de donner un renouveau spirituel à la discipline monastique. La religion et la charité brillaient en Gerbert ; son expérience était grande en toutes choses et son zèle pour l’Opus Dei sans défaillance. Attaché à saint Anselme auprès duquel il avait peut-être séjourné au Bec, il forma à son école plusieurs abbés de renom : Godefroy premier abbé de Fontenay, saint Gontard, illustre abbé de Jumièges, Ingulphe que Guillaume mit à la tête de Croyland, le vénérable Gauthier, abbé de la Sainte-Trinité du Mont-Sainte-Catherine près de Rouen et un autre Godefroy qui fut abbé de Saint-Pierre de Préaux. Saint Gerbert fut inhumé dans le Chapitre. Ses restes y reposèrent jusqu’en 1672, époque où ledit Chapitre fut détruit.
abbé de Jumièges, + 1095 fêté le 26 novembre
Chapelain de Guillaume le conquérant, il entra dans notre monastère auquel il apporta les biens anglais dont l’avait gratifié le duc-roi, les églises de Whitchurch canonicorum, de Burton Bradstock, de Sherston et de Towcester. Il devint prieur de Saint-Wandrille, mais peu de temps après, il fut élu abbé de Jumièges, dispensant avec soin la nourriture spirituelle au troupeau qui lui était confié. Il assista Guillaume le conquérant à son lit de mort, se préoccupant à la fois du salut spirituel et corporel du prince. Après 17 ans de gouvernement à Jumièges, Gontard s’était rendu sur ordre de l’archevêque de Rouen au concile de Clermont convoqué par le pape Urbain II. Atteint de fièvres, il reçut les derniers sacrements des mains de Gilbert, évêque d’Évreux, et rendit en paix le dernier soupir. On ne tarda pas à le considérer comme un saint, et il eut un culte liturgique qui se prolongea en notre monastère jusqu’au XVIIIe siècle.
32e abbé, + 1150 fêté le 13 août
Anglais de naissance, il illustra notre monastère par l’éclat de ses vertus. Ce fut en effet un homme éclairé dans ses conseils, attentif au maintien de la discipline ; c’est à lui que les papes Innocent II et Eugène III accordèrent les diplômes confirmant et sauvegardant les possessions de l’abbaye.
martyr sur les pontons de Rochefort, +1794
fêté le 20 août
Né à Rouen sur la paroisse Saint-Herbland, il émit sa profession monastique à l’âge de dix-neuf ans le 10 juin 1763, dans la congrégation de Saint-Maur et fut ordonné prêtre en 1771 dans la chapelle du palais archiépiscopal de Rouen par le cardinal de La Rochefoucauld. Après avoir rempli plusieurs charges dans les monastères de la province de Normandie, dom Le Brun arrivait à Saint-Wandrille en décembre 1788, date à laquelle le prieur d’alors le choisit comme sénieur. Après la loi de février 1790 supprimant les ordres religieux, dom Le Brun, voulant continuer à mener la vie monastique, se retira à Jumièges puis au Bec qui subsistèrent plus longtemps que Saint-Wandrille, et fut amené ensuite à demeurer à Rouen. Trois ans plus tard, n’ayant pas prêté le serment de liberté-égalité, et pour éviter que sa famille ne pâtisse de l’avoir hébergé, il se livra, fut arrêté et envoyé à la maison d’arrêt de Saint-Vivien. Le 21 mars 1794, c’était le départ pour les pontons de Rochefort. Après quatre mois écoulés sur les « Deux-associés », navire consacré au transport des esclaves, dom Louis-François Le Brun était descendu à terre ; pratiquant toujours les vertus de piété, de douceur et de modestie, il mourait en confesseur de la foi, prêtre jusqu’au bout, fidèle à l’observance des lois ecclésiastiques et attaché à la sainte hiérarchie de l’Église. Il a été béatifié par le Pape Jean-Paul II avec nombre de ses compagnons le 1er octobre 1995.